Un internaute a mis en ligne, le 8 juillet dernier, une rumeur alertant la population sur la consommation des comprimés paracétamol P-500. Selon ce qu’il affirme dans sa publication, ce médicament contiendrait le virus Machupo, un virus hémorragique très mortel. Attention, cette rumeur est fausse attestent les recherches de Congo Check qui l’a vérifiée auprès de spécialistes de la santé, qui ont tous démenti cette fausse information.
« Attention, ne prenez pas de paracétamol sur lequel il est écrit P 500. C’est un nouveau paracétamol très blanc et brillant. Les médecins le déconseillent parce qu’il contient le virus Machupo, considéré comme l’un des virus les plus dangereux au monde, avec un taux de mortalité élevé. S’il vous plaît, partagez ce message avec toutes les personnes figurant sur votre liste de contacts ainsi qu’avec votre famille et sauvez une ou plusieurs vies… J’ai fait ma part, maintenant, c’est votre tour. .. Rappelez-vous que Dieu aide ceux qui aident les autres eux-mêmes ! Transmettre tel que reçu. » D’autres profilss ont relayé cette infox sur leur pages Facebook avec des images choquantes et de légendes nuisibles à la santé.
Pas de virus Machupo dans le paracétamol P-500
Cette affirmation sur le virus Machupo ou fièvre hémorragique bolivienne dans le paracétamol P-500 est erronée. Pour vérifier la véracité de cette information, notre équipe a contacté plusieurs sources sanitaires et responsables du secteur de la santé en RDC. Ils ont tous catégoriquement démenti cette information.
Avant de joindre les responsables de la santé en RDC, nous avons d’abord contacté l’Organisation mondiale de la Santé, OMS. Cette dernière nous a orienté chez le ministre congolais de la santé. « Actuellement, le ministre de la santé répond lui-même à ces questions. N’hésitez pas à les lui envoyer » nous a répondu Eugène Kabambi qui travaille au sein de la communication de l’OMS en RDC.
Congo Check s’est alors tournée vers le docteur Cris Kacita, chef des opérations du programme congolais de lutte contre le Mpox en République démocratique du Congo. Ce dernier a démenti cette information. « Déjà, dans d’autres canaux de communication, on parle de Mpox. Ici on parle du paracétamol avec le virus. C’est du mensonge », insiste-t-il.
Même réaction pour le docteur Stéphane Hans Bateyi, coordonnateur provincial du programme élargi de vaccination (PEV) au Nord-Kivu. Il a également qualifié cette publication de mensongère. « Fake news », a-t-il répondu à Congo Check de manière sommaire.
Dans nos recherches, nous avons trouvé quelques articles que d’autres médias de vérification avaient déjà publié sur ce sujet dans le passé. Et les résultats de leurs recherches avaient prouvé que les comprimés de paracétamol P-500 ne contiennent pas le virus Machupo. C’est le cas de cet article publié en 2019, sur le site de l’Agence France Presse (AFP).
« Une publication qui circule depuis août 2020 assure que les comprimés de paracétamol P-500 contiennent le virus Machupo. C’est faux : ce virus mortel ne peut pas survivre dans des comprimés, ont expliqué plusieurs experts à l’AFP… » peut-on lire dans cet article.
Un an avant (2019), le journal Le Monde avait déjà démenti ce message qui circule autour de la prétendue contamination du paracétamol au virus Machupo.
Preuve que cette rumeur date de très longtemps et continue d’être publiée sur Facebook.
Un zoom sur le virus Machupo
Selon la fiche technique santé-sécurité, sur les agents pathogènes du virus Machupo partagé sur le site du gouvernement canadien, Machupo est un virus hémorragique qui a été isolé pour la première fois en 1959. Il s’agit d’un Arenavirus du Nouveau Monde appartenant à la famille des Arénaviridés.
Les principales manifestations cliniques des hémorragies virales comprennent les lésions microvasculaires et les changements dans la perméabilité vasculaire, la fièvre, les douleurs musculaires et la prostration. Les symptômes immédiats sont notamment une injection conjonctivale, une hypertension légère, des bouffées vasomotrices, une gingivorragie et des caries dentaires, des maux de tête, une arthralgie et des hémorragies pétéchiales. Des symptômes plus graves peuvent se développer (état de choc et hémorragie généralisée des muqueuses, épistaxis, hématémèse, melaena, hématurie), lesquels sont accompagnés d’atteintes neurologiques, par exemple des tremblements, des convulsions et le coma.
Découvert pour la première fois en Bolivie, ce virus se dissémine à partir des rongeurs, principalement Calomys callosus (grande souris vespérale).
Le virus se transmet habituellement à l’humain par des morsures de tiques qui vivent sur des rongeurs infectés, par des piqûres de moustiques ou par l’inhalation de microaérosols provenant de rongeurs infectés.