Une vidéo de 19 secondes, dans laquelle on voit des individus dans un véhicule des Nations-Unies, l’un avec une personne habilée, habillée comme une femme qui se déhanche et se cambre sur son pubis est faussement attribuée aux casques bleus du Congo. Cette vidéo n’a pas été prise au Congo et ne date même pas de ces jours. Ne vous laissez pas tromper. Nos recherches nous ont permis de retrouver où les événements se sont réroulés et les conséquences qui avaient suivi après diffusion de cette vidéo. C’était en effet en Israël, et même les nations unis viennent de le Confirmer. Nous avons retrouvé la rue exacte d’où la scene est filmée. Nous vous expliquons dans ce Factc-check.
Très rapidement devenue virale, cette vidéo montre une personne, certainement une femme (mais sa tête n’est pas visible) habillée en haut rouge et petite jupe de même couleur, en califourchon sur le pubis d’un homme habillée en haut blanc, assis sur le siège passager arrière, en train d’exécuter des mouvements de va-et-vient. La scène fait penser à un rapport sexuel entre l’homme et la personne au-dessus de lui, dans un véhicule UN. En 24 heures, la vidéo a été visionnée plus de 45 mille fois sur Facebook.
Même certains journalistes sont tombés dans le panneau, comme celui-ci, qui a écrit, indigné, sur son mur Facebook : « RDC : MALGRE TOUT CE QUI SE PASSE AU PAYS, CERTAINS AGENTS DE LA MONUSCO SE COMPORTENT EN ADOLESCENT EN FAISANT L’AMOUR DANS LEUR JEEP SANS HONTE NI PEUR A KINSHASA »
Ce que nous avons pu trouver sur la vidéo
La vidéo, à la base, a été publiée par the www.innercitypress.com, qui est un organisme sans but lucratif d’enquête. Inner City Press est surtout connu pour ses enquêtes sur le traitement par le secteur bancaire, mais aussi une enquête sur les abus des agents des Nations-Unies. Ce média est basé aux États-Unis, avec un siège à New-York, selon les informations que Congo Check a pu récolter.
Le 23 juin donc, ce média a publié cette vidéo, et eux-mêmes le disent, « envoyées par des agents internes et indignés des Nations-Unis ». Le média n’a pas précisé le lieu de provenance de la vidéo, mais grâce à l’appui de nos confrères des Observateurs de France 24, nous pouvons confirmer que c’était en Israël.
C’est donc une fuite, leaks comme on le dit dans le monde des médias. Et selon toujours ce média, la vidéo existait dans les bureaux des Nations-Unis depuis bien longtemps, mais les responsables de UN ne voulaient pas sanctionner les responsables. Le média soutient que même depuis Ban-Ki-Moon, des accusations avec preuve étaient remis aux oubliettes. La sortie de cette vidéo aujourd’hui serait donc l’acte d’agents en colère, mais la vidéo daterait de bien longtemps.
Elle n’a rien à voir avec ce qui se passe actuellement au Congo.
Inner City Press enquête depuis 2017 sur les abus sexuels des agents des nations-Unis. Cela leur a valu d’être banni pendant 721 jours sans accréditation au sein des bureaux des UN. Ils avaient même lancé une pétition en ligne pour faire changer cette décision, en vain.
Comment nous avons pu retrouver d’où vient la vidéo
À 3 heures 25 minutes, depuis New-York, le porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé a fait un tweet en ces mots : « Nous sommes profondément troublés par le contenu vidéo impliquant apparemment du personnel UNTSO (Organisme des Nations unies chargé de la surveillance de la trêve). Une enquête a été rapidement lancée et progresse très rapidement. Des mesures appropriées seront rapidement prises. », sur leur compte certifié.
Ceci est la première confirmation que les faits ne se sont pas passés à Kinshasa. Puis dans un retweet, Hillel Neuer, directeur de l’observatoire des Nations-Unies a ajouté cette précision : les faits se seraient donc passés sur l’avenue Hayarkon, juste au nord de la branche de l’Ambassade des États-Unis à Tel Aviv. C’est cette rue que nous avons recherchée à visionner avec Google Map (street view)
Grâce à l’extension Invid, nous avons pu faire des captures d’écran de la vidéo. Sur l’une des captures on peut voir au fond à Gauche un immeuble avec des lumières, des feux de circulation et une plage à la gauche de la rue.
Nous avons pu retrouver l’endroit exact, en tapant le nom de la rue comme vous pouvez le voir en comparaison entre ces deux images, regardez la ressemblance entre les zones encerclées en rouge et celles en bleu. Il y a aussi la plache du côté gauche. Les lumières sont allumées sur la capture de la vidéo car c’était durant la nuit.
Nous avons retrouvé le même immeuble, les mêmes feux, et même le panneau de signalisation bleu indiquant un passage piéton.
Les plaques des véhicules et panneaux de signalisation ne correspondent pas
Deux autres détails importants permettent aussi de dire avec précision qu’il ne s’agit pas de Kinshasa. D’abord à la 16e seconde on voit un panneau de signalisation bleu, avec ce qui ressemble à une lettre A . Celui-ci peut signifier trois choses : D’abord qu’il y a une traversée de tramway. Or il n’existe plus de tramway fonctionnels à Kinshasa.
Mais cela peut aussi signifier qu’il y a un ralentisseur non loin. Sauf que, les panneaux utilisés au Congo sont de couleur rouge sur les routes urbaines.
Enfin cela peut signifier un passage piéton, et c’est le cas dans la vidéo en question.
L’autre élément c’est la couleur des plaques d’immatriculation. Dans la vidéo, le fond est jaune. Or, en RDC, depuis 2009 le fond des plaques est plutôt blanc avec une écriture noire.
Au vu de tous ces éléments, nous pouvons affirmer que cette vidéo n’est ni récente, mais qu’elle n’a pas non plus été filmée à Kinshasa.