Le 06 août depuis Bruxelles, le président congolais, Félix-Antoine Tshisekedi accordait une interview à deux médias congolais, dont Top Congo FM, sur la situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo. Trois jours plus tôt, la page Facebook dénommé « Ken Eric Kibambe », suivie par 2.800 followers, venait d’alléguer que le chef de l’État s’est dit prêt à négocier avec Corneille Nangaa, de l’Alliance fleuve Congo (AFC), un groupe paramilitaire allié au M23. Mais attention, cette allégation est fausse, atteste les résultats de vérification de Congo Check, qui a notamment joint la porte-parole du président de la RDC, Tina Salama, ainsi que la conseillère en communication de l’Ambassade des États-Unis d’Amérique en RDC, Monica Shie.
Ce post Facebook, alléguant que le chef de l’État congolais est prêt à négocier avec Corneille Nangaa, est erroné. Sa légende lit : « RDC | D’après une presse locale, le président Félix Tshisekedi se dit prêt à négocier avec Corneille Nangaa. Il a fait cette déclaration au secrétaire d’État américain, Antony Blinken, depuis la Bruxelles ».
🔴#RDC | D'après une presse locale, le président Félix Tshisekedi se dit prêt à négocier avec Corneille #CorneilleNangaa….
Publiée par Ken Eric Kibambe sur Samedi 3 août 2024
Une affirmation erronée
Prenant en charge l’affirmation, Congo Check a pris soin de prendre contact avec la porte-parole du président de la RDC, Tina Salama, qui dément l’allégation selon laquelle Félix-Antoine Tshisekedi se dit prêt à négocier avec Corneille Nangaa.
« C’est une fake news, bien-sûr », a-t-elle brièvement répondu à Congo Check, dans un entretien via messagerie WhatsApp, le vendredi 30 août 2024.
Cherchant à savoir si réellement le président congolais, Félix-Antoine Tshisekedi, a eu un échange avec le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, à Bruxelles en début août 2024, Congo Check a également contacté la conseillère en communication de l’ambassade des États-Unis d’Amérique (USA) à Kinshasa, Monica Shia, le 30 août.
En réponse, elle nous a, d’abord, transféré la mise au point du cabinet de communication d’Antony Blinken, qui affirme : « Concernant des rumeurs disant que les États-Unis “imposent” des négociations : Les États-Unis ne peuvent pas forcer la RDC ou tout autre pays du monde à négocier. Nous travaillons quotidiennement avec nos partenaires du gouvernement congolais pour trouver la meilleure solution de paix, et toute solution doit être approuvée et soutenue par eux. Nous continuons à soutenir les efforts de médiation menés par le président angolais Joao Lourenço et l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta, dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi, pour résoudre les tensions régionales dans l’est de la RDC ».
Et d’insister : « Nous rappelons que Corneille Nangaa ainsi que l’AFC sont sanctionnés par les États-Unis depuis juillet », avant de nous renvoyer vers le lien desdites sanctions.
En outre, Monica Shia a aussi précisé que « la dernière conversation du secrétaire d’État américain, Antony Blinken, avec le président de la RDC a eu lieu en date du 22 mai 2024, par téléphone, et non à Bruxelles », comme prétend le post en cours de vérification.
Le résumé de l’appel de F. Tshisekedi et A. Blinken
« Le secrétaire d’État Antony J. Blinken s’est entretenu aujourd’hui avec le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi. Le secrétaire Blinken a condamné l’attaque contre les dirigeants et les institutions politiques à Gombe et a offert le soutien des États-Unis à l’enquête du gouvernement sur l’attaque. Le secrétaire et le président ont discuté de la crise dans l’est de la RDC et de la nécessité de mesures supplémentaires pour rétablir la paix et la stabilité, notamment le soutien au processus de Luanda. Le secrétaire Blinken et le président Tshisekedi ont également discuté de la situation humanitaire désastreuse dans l’est de la RDC, en mettant l’accent sur la nécessité de répondre aux rapports alarmants d’exploitation sexuelle de personnes vulnérables autour de Goma », a, pour sa part, restitué le porte-parole d’Antony Blinken, Matthew Miller sur le site officiel du gouvernement américain.
Quant à savoir sa source d’information, Ken Éric Kibambe, auteur du post en cours de vérification, s’est mis à nous rediriger sur sa page Facebook, en ces termes : « Merci de nous avoir contactés, suivez-nous sur notre page Facebook (Ken Eric Kibambe) Infos en ligne ! ». Puis, il nous a, ainsi, répondu : « L’information a été révélée sur Jeune Afrique. Merci ! ».
Cependant, sur Jeune Afrique, que nous avons consulté, aucun article ne fait mention d’une éventuelle déclaration de Felix-Antoine Tshisekedi devant Antony Blinken, affirmant être prêt à négocier avec Corneille Nangaa.
La cellule « Débunkage » de l’Agence congolaise de presse (ACP) a également démenti une prétendue négociation entre le président congolais, Félix-Antoine Tshisekedi avec le chef rebelle Corneille Nangaa.
Avec une recherche par mots clés de l’affirmation, Congo Check a pu retrouver l’intégralité de l’interview du président Félix-Antoine Tshisekedi, accordée à deux médias congolais, à savoir Top Congo FM et Congoindependant.com, en date du 06 août 2024, à Bruxelles.
Vers la 17ᵉ minute de ladite interview, on visualise le chef de l’État congolais en train de nier catégoriquement « toute négociation » avec le M23 et/ou avec le groupe paramilitaire AFC, que dirige Corneille Nangaa, ancien président de la centrale électorale en RDC.
Dans son article titré : « Félix Tshisekedi insiste : “Tant que je serai président de la RDC, jamais, je n’aurai en face de moi la délégation du M23 ou de l’AFC pour négocier” », le média congolais 7SUR7.CD rappelle également que lors de son récent séjour à Bruxelles, pour de raisons de santé, le président de la RDC avait réfuté, une fois de plus, toute négociation avec le M23 et/ou l’AFC.
Congo Check a vérifié un post insinuant que le président congolais, Félix-Antoine Tshisekedi, a déclaré être prêt à négocier avec le chef rebelle Corneille Nangaa, et l’a trouvé faux. D’où l’importance de le débusquer.