La rumeur devenue virale disant que « Les nandes doivent partir de la province de l’ituri parce que les kivutiens ont refusé au fils de l’Ituri d’occuper le poste du gouverneur à Goma » suivie de cette réaction « Si les nandes ne veulent pas sortir de l’ituri par la paix nous allons commencer à les tuer par machette jusqu’à ce qu’ils finiront »
Le contexte
L’afflux de membres de plusieurs communautés venues du Sud de cette province de l’Ituri, entre autres les Shi du Sud Kivu, les hutus du Nord-Kivu et principalement ceux de la communauté yira (appelée encore nande) dans l’Ituri s’est observé depuis quelques années. Cette situation a été beaucoup remarquable pour les communautés nande depuis l’époque coloniale à aujourd’hui et cela s’explique entre autres par des raisons économiques, l’Ituri découverte comme un champ vierge et bonne pour exploitation commerciale, pour des raisons sécuritaires dans le Grand Nord de leur province d’origine, le Nord-Kivu; mais également pour des raisons démographiques, l’Ituri Terrain propice pour l’agriculture où il vaut mieux y résider vue la faible densité démographique dans son habitat or limité au Sud par les territoires de Beni et Lubero reconnus région à forte concentration humaine de la partie orientale du pays.
La cohabitation avec les communautés locales de l’Ituri était bonne jusqu’au moment où des pépins de méfiance sont nés à la suite de l’émergence économique, voire sociale de ces communautés migrantes en particulier les nandes en comparaison aux autochtones ituriens ; cette situation a atteint même la sphère politico-administrative où certains membres de la communauté nande se sont fait élire à la députation nationale au compte de la province de l’Ituri or n’y étant pas originaires.
Cependant, la loi congolaise n’exclut personne au choix de sa résidence au pays, pareil pour le choix de son électorat tel que stipulé à l’Article 30 de la constitution en ces termes : « Toute personne qui se trouve sur le territoire national a le droit d’y circuler librement, d’y fixer sa résidence, de le quitter et d’y revenir, dans les conditions prévues par la loi. Aucun congolais ne peut être expulsé du territoire de la République, ni être contrait à l’exil….»
La constitution en son article 51 exige à l’Etat congolais d’assurer et de promouvoir la coexistence pacifique et harmonieuse de tous les groupes ethniques du pays. De la désinformation autour de la nomination au poste de gouverneur du Nord-Kivu à la circulation des discours de haine en Ituri ;
Factcheck
Le Nord-Kivu est, tout comme sa province voisine de l’Ituri, sous État de siège depuis 2021. À la tête du Nord-Kivu, un militaire au grade de Lieutenant général, Constant NDIMA NKONGBA y avait été placé avec autorité tant administrative, politique et la conduite des opérations armées en province mais depuis la mi-septembre, rappelé par sa hiérarchie à Kinshasa pour consultationet directement la remplacé à l’intérim pour la conduite des opérations par le général Jacques NDURU YCHALINGOZA, ressortissant de l’Ituri, qui pour la plupart, a été considéré à tort comme gouverneur qui vient remplacer le probable sortant.
Environ une semaine après, un arrêté ministériel a nommé un autre général au nom de Peter CHIRIMWAMI, intérimaire au poste de gouverneur de province du Nord-Kivu, celui-ci étant originaire d’une autre province de la RD Congo que le Nord-Kivu et encore moins l’Ituri.
Décryptant les commentaires autour de cette rumeur qui est passée de la mesinformation à un discours de haine, il s’est trouvé que les bruits en Ituri insinuent que les nandes, population majoritaire du Nord-Kivu, (Pour la plupart des ituriens, presque tout ressortissant du Nord-Kivu vivant en Ituri est nande quelle que soit son origine) ont refusé à un fils de l’Ituri le poste de gouverneur dans leur province or ils sont bien installés en Ituri, ce qui a occasionné la viralité de ces messages de haine allant jusqu’à menacer de mort ces populations vivant en Ituri.
Pour le professeur en droit, Marcellin Mushoko, le poste de gouverneur de province en Etat de siège est confié à un militaire et cela émane exclusivement d’une nomination par le président de la République à travers le ministère de la défense et celui de l’intérieur. Les populations civiles, les habitants ne peuvent y apporter aucune influence encore moins une quelconque voie démocratique pour accéder au poste de gouverneur sous Etat de siège.
Ceci est appuyé par l’Article 85 de la constitution sur l’Etat de siège.
Détourner la population de la vraie information l’amène à un déséquilibre sociale, allant jusqu’à attiser la haine avec toutes ses conséquences.
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