Depuis quelques semaines, des informations sur la confirmation des cas de variole du singe (MPOX) dans une des cellules de la prison de Makala (Kinshasa) sont publiées tant par des médias crédibles que par des personnalités publiques. La dernière en date est signée par Top Congo FM, la première radio privée d’informations en terme de couverture du territoire national en République Démocratique du Congo, qui indique que 11 cas confirmés de MPOX ont été détectés puis sont isolés dans le pavillon 6 de ce plus grand centre carcéral du Congo-Kinshasa. Congo Check qui a vérifié l’exactitude de ces affirmations auprès des autorités pénitentiaires de Makala et de l’institut national de recherche biomédicale (organisme officiel habilité à tester les échantillons des plusieurs pathologies) confirme que ces publications sont fausses et sont publiées sur base de confusion par les auteurs.
“Plusieurs cas suspects à la prison centrale de Makala” écrit un article de Top Congo, titré MPOX en RDC.
“15 d’entre eux ont été confirmés par l’INRB, à la demande de la direction de la prison” précise le document dont la source citée sous anonymat fustige le fait qu’aucune disposition n’est prise pour les mettre en quarantaine en dehors de la prison”.
La publication de Top Congo FM a été reprise par plusieurs autres médias et profils sur les réseaux sociaux, semant une terreur au sein de la population carcérale, suites aux mauvaises conditions de détention dans plusieurs prisons congolaises.
Pas de cas confirmés de MPOX à la prison de Makala
Joint au téléphone par Congo Check, Joseph Maliki, directeur de la prison de Makala a démenti cette information.
Le 20 août, suite à une première vague de désinformation et de mésinformation qui a annoncé des cas dans la prison de Makala, Joseph Maliki a indiqué à Congo Check que les résultats de l’INRB étaient négatifs.
“Après test à l’INRB de 9 personnes aucune personne n’a cette maladie. C’est le problème de mal propreté” a-t-il détaillé.
Au 26 août, il a rajouté qu’après vérification, aucun cas n’est confirmé dans la prison en réponse à plusieurs articles indiquant le diagnostic de 11 cas confirmés dans le pavillon 6.
Une confusion entre “varicelle” et “variole du singe-MPOX”
Pour peaufiner sa recherche, Congo Check s’est longuement entretenu avec l’institut national de recherche biomédicale, INRB dont le laboratoire est chargé de tester les échantillons prélevés dans plusieurs régions du Congo en proie à l’épidémie de MPOX. Selon cette institution, il n’y a pas pour l’instant de cas confirmés de la variole du singe détecté au sein de la prison de Makala.
L’INRB pense que l’actuelle chronique d’informations erronées sur une détection des cas confirmés de MPOX à la de Makala est consécutive à la confusion que fait le public entre la varicelle qui sévit actuellement au sein de cette prison et la variole du singe, MPOX.
“Tous les deux (varicelle et variole de singe=MPOX) font partie des maladies qu’on appelle les fièvres eruptives: Mpox, Varicelle, rougeole…” explique la direction de l’institut national de recherche biomédicale (INRB) à Congo Check.
Dans une vidéo publiée par Matin TV, déclinaison télévisée du journal suisse Le Matin, une nette différenciation est apportée aux deux terminologies (varicelle et variole du singe-MPOX). “Avec la propagation inquiétante de la variole du singe (Mpox), de nombreuses personnes sont déconcertées par les similitudes entre cette maladie et la varicelle. Les professionnels de santé distinguent les principales différences entre les deux maladies” précise la description de la vidéo que vous pouvez visionner ici:
Contacté par Congo Check, le journaliste Barick Buema, auteur de l’article de Top Congo parmi les publications en cours de vérification et dont les résultats attestent de leur assertion erronée, a qualifié de trompeur, les sources habilitées qui démentent les faits mentionnés dans son article sans pour autant apporter des évidences. “Ye nde aza lokuta ! Ndlr = c’est lui qui ment !” a-t-il répondu à la question de savoir d’où tient-il son information car rejetée par le directeur de la prison de Makala.
L’épidémie de MPOX a été déclaré urgence sanitaire de portée internationale par l’Organisation Mondiale de la Santé, qui a mis un accent sur la lutte contre la désinformation durant la 74ème session de cette organisation qui se déroule depuis ce jour à Brazzaville.
“De nombreuses fausses informations circulent à propos du MPOX. Votre santé est précieuse. Ne demandez des conseils de santé qu’à des sources fiables, notamment votre médecin, l’OMS ou votre autorité sanitaire locale” tweete l’OMS.
There is a lot of misinformation circulating about #mpox.
— World Health Organization (WHO) (@WHO) August 23, 2024
Your health is precious. Only seek health advice from credible sources including your doctor, WHO or your local health authority.
Check the FAQs to know who is at risk & how to protect yourself: https://t.co/EMCaukiTEm pic.twitter.com/72gQ5WtPB2