Depuis quelques semaines sur Facebook, des vidéos devenues virales prétendent montrer le premier lot des kulunas exécuté dans le cadre de la mise en œuvre de la peine de mort en République Démocratique du Congo. D’autres images, partagées sur ce réseau social et dans des groupes WhatsApp, montrent des personnes ligotées et attachées à une potence que certains présentent comme étant des bandits urbains à Kinshasa. Cependant, ces images ont été détournées de leur contexte. Elles montrent en réalité une cérémonie d’hommage aux victimes mortes dans diverses circonstances, notamment des déplacés de guerre en RDC.
Au moins, 200 corps ont été exposés au stade de l’Unité de Goma le 2 septembre 2024, avant leur inhumation à Kibati, au cimetière du Genocost, dans le Nord-Kivu, territoire de Nyiragongo. Quant aux autres images prétendument attribuées à la RDC, elles proviennent en réalité de Somalie et montrent l’exécution de dix membres du groupe terroriste Al-Shabaab, en 2024.
Cette publication, provenant de la page Aicha Koubia Diallo qui compte 63 000 abonnés, a recueilli plus de 59 000 mentions « j’aime », 4 200 commentaires et 6 000 partages. Lien archivé ici.
Malgré leur fausseté, ces images ont été reprises par de nombreuses autres pages. (1,2)

L’exposition de 200 corps de déplacés au stade de l’Unité de Goma
Pour vérifier l’authenticité des images prétendant montrer l’exécution du premier lot des kulunas, Congo Check a fait recours à la recherche d’images inversées à partir de l’application Google Lens. Cette démarche a permis de retrouver un article de la radio Okapi, publié le 2 septembre 2024, titré : « Nord-Kivu : inhumation de 200 corps des déplacés de guerre au cimetière du GENOCOST ».
L’image en question est légendée : “Exposition de 200 corps des déplacés au stade de l’Unité de Goma ce lundi 02 sept avant leur inhumation à Kibati”

Dans le corps du texte, il est indiqué que le gouvernement congolais a consacré cette journée à l’enterrement de ces victimes au cimetière du GENOCOST, dans le territoire de Nyiragongo. La cérémonie des hommages s’est tenue au stade, où les corps ont été exposés depuis le matin, avant leur inhumation en début d’après-midi.
Dans son article du 2 septembre, lepotentiel.cd précise également que cette la journée du lundi 2 septembre 2024 s’est déroulée sous le choc dans les rues de Goma suite à l’inhumation de 200 personnes, victimes de l’agression rwandaise qualifiée de « génocide congolais pour des gains économiques » (GENOCOST).
Une chaine locale dénommée ” Kivu Morning POST” a publié une séquence de 5’21’’ sur cet événement le 2 septembre 2024.
Les images de l’exécution de 10 militants d’Al-Shabaab en Somalie
La technique de recherche d’image inversée a également permis de vérifier les images attribuées à l’exécution des kulunas en RDC. Plusieurs sources confirment qu’elles proviennent de Somalie. Par exemple, le dite de Somalie National Nwes Agency précise dans son article du 17 Aout 2024, que le tribunal militaire de l’Etat somalien du Puntland a exécuté samedi 10 militants terroristes d’Al-Shabaab par peloton d’exécution dans la ville de Galkayo, dans la région de Mudug, après les avoir reconnus coupables d’être à l’origine de graves meurtres dans la ville. Plusieurs articles ont été rédigés à propos. (1, 2,3)

Contexte
Après le transfèrement d’un groupe de 57 bandits urbains à la prison d’Angenga, dans la province de la Mongala le samedi 4 janvier 2025 ; 70 autres ont quitté Makala le dimanche 5 janvier 2025, pour la même destination. Cette action s’inscrit dans le cadre de l’opération « zéro kuluna», initiée par le gouvernement pour éradiquer le banditisme urbain dans les grandes villes de la RDC.
Il faut signaler que le ministre de la Justice, Constant Mutamba, avait démenti une interview avec AP sur l’exécution des kulunas. A travers un communiqué publié sur son compte X, anciennement Twitter il avait affirmé n’avoir accordé aucune interview à des médias, notamment à l’agence AP, au sujet de l’initiative « Zéro Kuluna – Ndobo », en cours en République démocratique du Congo (RDC). À ce jour aucune exécution de ces bandits urbains n’a été confirmée en RDC.