HomeActualitésÉclairer des maisons grâce aux bouteilles plastiques : l’expérience aux Philippines est vraie

Éclairer des maisons grâce aux bouteilles plastiques : l’expérience aux Philippines est vraie

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Plusieurs internautes ont différemment réagi à la courte vidéo d’une expérience où des bouteilles en plastiques, remplies d’eau et placées à travers les toits, sont utilisées pour produire de la lumière pour les maisons des plus démunies. La « technologie » utilisée est simple : la réflexion des rayons du soleil pendant la journée, et l’utilisation d’une lampe LED la nuit (chargée via un petit panneau solaire pendant la journée). Congo Check peut confirmer que l’expérience est réelle.

L’auteur du post n’a placé aucune légende, mais une voix-off explique en anglais qu’il s’agit d’une technologie testée aux Philippines et qui pouvait aider les pays les plus pauvres à avoir de l’éclairage à très faible coût. Certains internautes sont restés septiques et d’autres confus, demandant plus d’éclaircissement ; ce qui a poussé Congo check à se pencher dessus et ses recherches attestent que cette invention est née au Brésil puis reprise aux Philippines par IILac Diaze pour réduire considérablement la facture énergétique des populations pauvres.

Mis en ligne le 14 juin 2024 par Samy Alsinan, ayant plus de 113 000 followers, ce post Instagram a récolté plus de 1. 641 816 Likes, 11 800 commentaires et 1 000 000 de partages.

Les internautes ont spéculé dans tous le sens, « Navy x s’interroge : « Comment un panneau solaire peut-il charger l’eau ? », Yul Carson complète : «  Quel est le nom du jeu ? » Pour sa part, Socialitec écrit : « Je prends juste des notes si j’ai besoin de survivre ». Par contre Mikkopetersen commente : « Quelle bonne idée, bravo ! » et Tahiragruv renchérit : « C’est une invention brésilienne ».

Ce post est repris sur ce compte X, ancien Twetter, prétendant que cette invention est née aux Philippines, ce qui n’est pas vrai.

 Vérifications des faits

Pour démêler le vrai du faux, l’équipe des vérificateurs de Congo Check a, dans un premier temps, écrit à l’auteur du post pour avoir plus d’éclaircissements. Il n’a malheureusement pas encore répondu.

Par la suite, l’équipe a effectué une recherche sur le moteur Google avec comme mots-clés (Philippine, bouteille qui produit de l’énergie électrique), une démarche que nous vous recommandons en cas de doute.

Pour le cas de notre travail, l’équipe a été conduite sur la chaine YouTube de l’AFP qui a mis en ligne le 5 décembre 2011 un reportage titré : « Aux Philippines, la bouteille solaire, source de lumière et d’espoir. »

La description indique : « Fichée dans le toit, une bouteille en plastique remplie d’eau inonde la cahute de lumière naturelle : cette “ampoule” économe et écolo rencontre un franc succès dans les bidonvilles de Manille, Delhi ou Rio. »

 Dans la vidéo faisant l’objet de vérification, le monsieur en short rouge expliquant cette expérience est présenté par l’AFP, comme Demetrio Bukas, habitant d’un bidonville et installateur de bouteilles solaires. Il explique la joie des habitants, parce que leurs maisons ont de la lumière, et qu’ils n’ont plus besoin de payer de l’électricité qui est hors de prix.

Dans ce même reportage, l’AFP a interrogé  IILac Diaze, fondateur et directeur du projet MyShelter, qui explique : « Nous voulons aider un million de personnes par an sans être l’une de ces ONG richissimes. Avec cette bouteille solaire, nous voulons montrer que c’est réalisable. »

Comment ça fonctionne ?

Une simple bouteille usagée d’un ou deux litres, un peu de javel, une ampoule LED et un mini-panneau solaire font l’affaire. La bouteille est remplie d’eau et de l’eau de Javel est ajoutée pour prévenir la formation de bactéries et garantir la pureté et la transparence du liquide. Il faut ensuite percer le toit de zinc ou de tôle des masures pour la fixer.

Le « litre de lumière” (Isang Litrong Liwanag), se fonde sur les principes élémentaires de la réfraction de la lumière : exposées au soleil, les bouteilles produisent une intensité lumineuse équivalente à une ampoule de 50 Watts. De quoi éclairer une pièce du matin au soir sans utiliser d’électricité. Et d’économiser par la même occasion 17 kilos de CO2 par an. (1, 2,3). Et pour éclairer la nuit, l’ampoule immergé  prend le relai, utilisant l’énergie emmagasiné durant la journée grâce au panneau solaire.                                                                                               

Nous sommes également tombés sur ce court métrage, datant du 26 septembre 2013, dans lequel  les gens de la Fondation Liter of Light, habillés en short bleu, expliquent aux populations pauvres comment fabriquer un éclairage abordable à partir de bouteilles en plastique vides d’un litre. Ce sont des  images qui figurent également dans la vidéo faisant l’objet de vérification.

Devant des milliers de personnes, le fondateur du projet explique, lors d’une conférence à TED à Dubaï en  novembre 2011, comment  ce projet réduit considérablement la facture énergétique de populations indigentes.

 Un projet conçu par un ingénieur brésilien

C’est un ingénieur brésilien Alfredo Moser qui est à l’origine de cette invention, la « bouteille solaire » reposant sur les principes élémentaires de la réfraction de la lumière.

En 2002, durant les coupures d’électricité au Brésil, ce mécanicien s’est servi de la science afin d’éclairer son atelier et pouvoir continuer à travailler, confirment plusieurs articles rédigés à ce propos. (1, 2 ,3)

Bien qu’étant né au Brésil, le concept de la « bottle bulb » s’est pandue aux Philippines, en Inde, en Afrique du Sud, au Vietnam, au Népal, au Mexique, en Colombie, et jusqu’à l’îe de Vanuatu, dans le Pacifique.

Diplômé de l’Université de Harvard et du MIT, son projet inspirant « One Litre of Light » a apporté de la lumière aux communautés pauvres des Philippines et du monde.

Après cette démarche, l’équipe des vérificateurs de Congo check, a authentifié un post Instagram illustrant  une expérience  mettant en œuvre des bouteilles plastiques produisant de la lumière. Technologie à laquelle, certains internautes n’ont pas cru, d’où l’importance de cette vérification.

 Ruth KUTEMBA

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Ruth Kutemba
Ruth Kutemba
Ruth KUTEMBA, journaliste fact-checker basée à Lubumbashi en RDC et membre du Forum de Reportage sur les Crises Mondiales du Centre International pour les Journalistes (ICFJ) basé à Washington et journaliste freelance au Réseau international des journalistes (IJNet). Par ailleurs blogueuse d'Habari RDC Elle travaille dans l'audiovisuel et la presse en ligne. Écrire sur des questions féminines, démystifier les fausses informations font partie de sa passion. Elle est reporter et évolue au sein du groupe de presse Héritage en RDC et présente des journaux télévisés et radio mais aussi des émissions et est réalisatrice de documentaires.

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