Des images montrant un prélèvement covid-19 par Q-tip au fond du nez suscitent des questionnements sur Facebook. Cela tendance à renforcer la résistance dans la lutte contre la covid-19.
Les auteurs s’étonnent que les tests PCR nécessitent d’aller aussi loin dans le nez, afin de détecter la présence de la Covid-19. Pourtant, disent-ils, c’est par les voies respiratoires qu’il circule le plus, puisqu’il se transmet via les gouttelettes respiratoire, et non via les postillons de salive.
« Je me demande pourquoi ils t’enfoncent un Q-Tip dans le nez jusqu’à l’arrière de la tête pour recueillir un échantillon de Covid-19, quand ils prétendent qu’une simple goutte de salive a le potentiel d’infecter un village ? », dit la publication.
Congo check a rencontré des spécialistes chercheurs virologues et d’autres documentations sur la matière pour éclairer l’opinion à ce sujet.
Pour plus de précisions
Prof Kavunga du laboratoire P3 de Institut National de Recherche Biomédicale (INRB) GOMA, explique pourquoi on ne prélève pas avec de salive.
« Il faut d’abord dire que pour le prélèvement covid-19, nous on ne cherche pas de salive. Quand on ouvre la bouche, à l’arrière de la bouche ou à la gorge, il y a des cellules qui sont là et le virus se développe à partir de ces cellules-là. Donc, nous, nous râpons le scriptorium d’en bas, même chose pour les deux, on le fait aussi pour le nez pour pouvoir racler les cellules qui sont sur ce scriptorium », explique le professeur Hugo Kavunga, chercheur à l’Institut National de Recherche Biomédicale.
A la question de savoir pourquoi la salive peut véhiculer le virus mais on n’utilise pas cette salive pendant le prélèvement. Le professeur soulève la thèse du mauvais prélèvement qui peut conduire aux résultats peu probants.
« Si l’on prélève la salive, on fait un mauvais prélèvement. On ne prélève jamais la salive. Ce sont des sécrétions qui sont à l’arrière de la gorge qui se mélangent avec la salive que l’on prélève. Si on se base seulement au prélèvement de la salive dans la bouche, vous aurez des résultats avec un mauvais prélèvement. Voilà pourquoi quand on prélève il y a des techniques de prélèvement. Ces techniques sont internationales, pas seulement qu’au Congo où l’on les utilise. Donc si vous dites que seule la salive suffit pour un prélèvement, moi je vous dis que c’est faux », dit-il.
Un procédé établi en 2009
La méthode du test en transnasal n’a rien de nouveau. La vidéo dont est tirée l’image a été mise en ligne en 2009 par une sérieuse revue scientifique sérieuse The New England Journal of Medicine.
La technique est préconisée depuis l’apparition de la grippe H1N1 pour le diagnostic des maladies à virus respiratoire, comme le Covid-19.
Laurent Andreoletti, professeur de virologie à la faculté de médecine de Reims, et responsable d’une unité de diagnostic Covid-19, explique dans le journal ‘‘le Monde’’ : « Même si on peut trouver le virus dans la salive et la gorge, il est davantage présent dans les cellules ciliées de l’arbre respiratoire. Cela limite le pourcentage de faux négatifs ». Concrètement, ajoute le chercheur cité par www.ouest-france.fr, la fiabilité d’un test en transnasal bien réalisé est de l’ordre de 80 à 90 %, contre 60 à 70 % pour un test salivaire.
Selon ce chercheur, l’intérêt d’aller chercher le virus dans les voies respiratoires tient aussi au fait qu’il se loge en premier lieu dans cet endroit-ci. « On ne sait pas exactement quand il arrive dans la salive ; alors qu’on sait que l’on va le trouver dans les muqueuses, qui sont le lieu d’infection primaire », détaille au Monde Bernard Binetruy, directeur de recherche Inserm, chargé de communication scientifique en charge des tests PCR.
La salive n’est donc pas un lieu approprié pour détecter la présence du virus SARS-CoV-2, puisque ce n’est pas non plus par là qu’il est majoritairement transmis.
« Si on ne faisait que des tests salivaires, on passerait à côté de gens qui ont le virus et sont en début d’infection mais ne seraient pas encore détectables », explique ce scientifique.
De tous ces points de vue, la légende de l’image partagée par les internautes sur les réseaux sociaux est trompeuse. « Une simple goutte de salive n’infecte pas un village entier, c’est complètement faux », écarte ainsi Laurent Andreoletti. « La transmission se fait principalement par la vapeur d’eau présente dans la respiration.»