Fin août, au crépuscule de l’opération militaire qui a conduit à l’éviction d’Ali Bongo de la présidence gabonaise, une vidéo montrant un homme interpellé avec une valise pleine de billets de banque a surgi sur les réseaux sociaux. Plusieurs pages ont alors parlé d’un membre du « clan Bongo » qui disposait de fortes sommes d’argent à la maison. Congo Check a découvert le vrai contexte de la vidéo, filmée en 2022.
« Libreville : après le coup d’Etat militaire, en fuite, l’ancien président du Sénat du Gabon est arrêté avec une somme équivalent au budget annuel du pays », prétend la page Pastef Diaspora France.
Cette version est soutenue par plusieurs autres pages sur les réseaux sociaux qui ne manquent pas de faire des raccordements entre la vidéo et le récent coup d’Etat.
Alertées par certains commentaires dubitatifs, les équipes de Congo Check, après n’avoir trouvé d’images-clés claires pour exploitation dans l’outil de recherche par images renversées suite à la faible résolution de la séquence, ont recherché des occurrences en croisant les mots-clés « Gabon valise argent ».
Les résultats de cette méthode de vérification ont permis de retrouver le vrai contexte de la vidéo, filmée le 17 septembre 2022 à la frontière entre le Congo Brazza et le Gabon. La séquence montre, selon AfricaNews, Guy Nzouba-Ndama, 76 ans, qui a dirigé pendant 19 ans durant l’Assemblée nationale gabonaise avant de démissionner en mars 2016. Il « a été arrêté à la frontière, en rentrant du Congo avec trois valises remplies de billets représentant près de deux millions d’euros ». Congo Check a remarqué que ce montant n’équivaut nullement au budget annuel du Gabon comme prétendu sur les réseaux sociaux. En 2022, le budget du Gabon était estimé à 5,4 milliards de dollars.
La vidéo a également été diffusé au Journal Afrique de TV5 le 18 septembre 2022. Guy Nzouba-Ndama n’a jamais nié les faits, comme le rapporte DW, rappelant qu’il n’est pas interdit de faire circuler des biens au sein de l’espace CEMAC. « Avec un milliard, on peut faire beaucoup de choses. On peut se marier, on peut construire des maisons, on peut aider des gens, on peut financer son parti politique, on peut se présenter à une élection, on peut construire une maison », avait déclaré son avocat à la télévision, évoquant plutôt « l’omission de déclaration » à la douane comme cause de l’interpellation alors qu’il revenait d’une « transaction immobilière au Congo ». A la barre, ses avocats avaient apporté « toutes les preuves de la provenance licite des fonds en question qui sont des fonds propres ».
Trois mois plus tard, Guy Nzouba-Ndama a été condamné par la Cour d’appel de Franceville « à trois mois de prison avec sursis ainsi qu’à 200 millions de FCFA d’amende » et l’argent saisi a été « confisqué par le Trésor Public ».
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