Quelques jours après que plusieurs civils ont été tués à Komanda en Ituri par le groupe armé ADF lors d’une messe à la Paroisse Bienheureuse Anuarité, une ancienne vidéo tronquée montrant une foule de jeunes citoyens dans les rues exigeant le départ de Félix Tshisekedi a été relancée sur Facebook. L’auteur de la publication prétend que cette vidéoillustre une manifestation de la population de l’Ituri revendiquant la démission de Félix Tshisekedi, jugé incapable de garantir la sécurité et le bien-être de ses citoyens malgré l’instauration de l’État de siège. Attention, cette vidéo est complètement sortie de son contexte et ne représente pas un quelconque soulèvement populaire organisé en Ituri. Des recherches effectuées par Congo Check ont permis d’établir que cette vidéo illustre en réalité une manifestation organisée par la population de Goma en février après la prise de la ville par le M23/AFC, pour exiger le départ de la MONUSCO, du SAMIDRC et des troupes burundaises, et non une protestation de la population d’Ituri contre Félix Tshisekedi.
« Province de l’Ituri : Massacre à répétition des innocents civils pendant l’état de siège :
La population manifeste et demande la démission de Monsieur Félix tshilombo à la tête du pays !!!
Pour la population de l’ituri, le problème c’est Félix tshilombo qui est incapable de sécuriser les civils et leurs biens. Il est le vrai et véritable problème à la tête de l’État. Pour mettre fin à cette situation chaotique partout dans le pays il doit démissionner. La population de l’ituri donne un carton rouge au président de la RDC. Malgré l’instauration de l’état de siège depuis six ans,la population sans défense ni protection de l’ituri demeure victime des massacres à répétition. » publie la page “ Fils Lumumba Nationaliste ”
Une vidéo decontextualisée
Congo Check a entrepris une recherche pour remettre en contexte une vidéo en question. Dans un premier temps, l’équipe a capturé une image de la vidéo pour effectuer une recherche inversée via Google Lens. Cela les a conduits vers le compte X (anciennement Twitter) du journaliste Steve Wembi, qui a publié le 17 février 2025 la vidéo en question, accompagnée d’une légende indiquant qu’il s’agit d’une marche organisée par les habitants de Goma, exigeant le départ de la MONUSCO, de la SAMIDRC et des troupes burundaises suite à la prise de la ville par le M23/AFC.

Ce jour-là, Richard Kwizera, un autre journaliste, a également partagé cette vidéo sur son propre compte X, en précisant : « Manifestations massives dans les zones de Nyiragongo et Goma alors que les habitants exigent le retrait des troupes MONUSCO, #Burundi et celles sous mission SAMIDRC du pays. »
La vidéo a également été relayée sur la page Instagram “Lubumbashi_story”, qui partageait une légende similaire évoquant un soulèvement populaire à Goma afin de réclamer le retrait des forces étrangères.
Des recherches complémentaires sur Google ont permis de trouver des médias fiables rapportant l’événement. À l’instar du média Kivu Morning Post, qui a publié un article intitulé “Goma : Manifestation des jeunes devant les bases de la MONUSCO”, expliquant le contexte de cette manifestation. L’article précise qu’après la prise de Goma par le M23/AFC, plusieurs militaires des FARDC et des troupes burundaises se seraient réfugiés dans les camps de la MONUSCO. En conséquence, les jeunes, craignant pour leur sécurité, ont exigé le retrait immédiat de la MONUSCO, de la SAMIDRC et des troupes burundaises. Armés de calicots, ces jeunes ont massivement investi les rues pour réclamer la démission de Félix Tshisekedi.

RFI a également rapporté l’information concernant cette manifestation publique à Goma le 17 février 2025.
Après vérification, Congo Check confirme que la légende associée à cette vidéo est incorrecte. Contrairement aux allégations sur Facebook, cette vidéo ne montre pas une manifestation de la population de l’Ituri contre Félix Tshisekedi suite au massacre des civils par les ADF, mais bien une manifestation qui a eu lieu à Goma le 17 février 2025, visant à revendiquer le départ de la MONUSCO, des forces de la SADEC (SAMIDRC) et des troupes burundaises.