Une image montrant un groupe de personnes en train de pousser un avion sur ce qui ressemble à une piste d’un aéroport, se trouvant en bas d’un escarpement, a été publiée sur Facebook. L’auteur de la publication, prétend que cet événement s’est passé à l’aéroport de Ndjili se trouvant à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo. Cette publication a attiré l’attention des internautes, qui y ont largement réagit.
Méfiez-vous, Congo Check a effectué des recherches dont les résultats prouvent que cela s’est passé à l’aéroport de Bajura à Kolti au Népal en 2021, où des passagers ont poussé un avion léger de la compagnie Tara Air après crevaison de son pneu, pour permettre l’atterrissage d’autres avions en toute sécurité.
« URGENT : mille vestes à l’aéroport de Ndjili »
Dans les commentaires, certains internautes croient en cette information et pointent directement du doigt, la responsabilité des autorités. C’est le cas de Samy Mobambo Salulu qui écrit « Énième scénario du régime tshilejelu ». Da Silva Silva rajoute « Vraiment les choses incroyables !! ». D’autres par contre doutent et rejettent cette information. « L’environnement là, n’est pas l’aéroport international de N’djili » écrit par exemple l’internaute Bertin Ekwake.
Une satire prise au sérieux par certains internautes
L’équipe de Congo Check a contacté l’auteur de cette publication à travers Messenger, pour se renseigner sur l’origine de cette image, ce dernier a reconnu que c’est une blague sans pour autant la retirer de sa page. « Non, c’est une blague » nous a-t -il répondu.
Très commentée et induisant certains internautes en erreur, cette publication a poussé notre équipe a lancé le processus de vérification de cette image, question de connaître son origine et les circonstances dans lesquelles elle a été prise. Comme l’auteur a parlé de l’aéroport de Ndjili, Congo Check a d’abord contacté un responsable de la régie des voies aériennes (RVA) ayant passé des longues années de service dans cet aéroport. Ce dernier a démenti cette information. « C’est faux. Ce n’est pas à l’aéroport de Ndjili. Non seulement l’immatriculation de l’avion n’est pas congolaise, mais également l’environnement dans lequel se trouve cet avion, est totalement différent de l’environnement de l’aéroport de Ndjili… » nous a-t-il répondu.
Nous nous sommes alors concentrés sur le cliché, pour en identifier la provenance. Grâce à des techniques de recherche inversée d’images, Congo Check a trouvé des éléments prouvant que cette image nous vient du Népal et non de la RDC. Elle a été prise à l’aéroport Bajura en 2021, après un incident (crevaison de pneu) survenu sur un petit avion de la compagnie Tara Air. Les passagers étaient obligés de pousser l’avion pour le sortir de la piste d’atterrissage et ainsi permettre à d’autres appareils d’atterrir en toute sécurité. Vous pouvez aussi faire une recherche inversée d’images grâce à des applications gratuites comme Google Lens !
Cet incident a fait le tour du monde, plusieurs médias en ont parlé, décrivant une scène « inhabituelle » dans le monde de l’aviation. Comme cet article publié sur le site du New York Post.
« Après l’éclatement d’un pneu, l’avion léger de la compagnie Tara Air est resté immobilisé sur la piste… Une vingtaine de passagers est donc descendu de l’appareil et a commencé à pousser l’avion à mains nues depuis l’arrière de la carlingue. » comme on peut lire dans cet autre article trouvé sur le site www.vibration.fr
En analysant l’environnement dans lequel se trouve cet avion sur l’image postée sur Facebook, on ne trouve aucune correspondance avec l’environnement de l’aéroport de Ndjili. Cette sorte d’escarpement ou montage qui longe la piste, n’existe pas à l’aéroport de Ndjili.
Cet incident n’a donc aucun rien à voir avec l’aéroport de Ndjili (Kinshasa) se trouvant en RDC. Cette image postée sur Facebook est sortie de son contexte.
LA RDC fait face à une crise importante dans le secteur de transport aérien. La compagnie nationale est à l’arrêt faute d’avions, et une nouvelle autre compagnie est en création en collaboration avec l’Éthiopie. La question est donc assez sensible, ce qui a motivé notre remise en contexte.