Un document portant l’identité visuelle de la mairie de Goma, avec un contenu interdisant les festivités de Noël, du Nouvel An 2025 et les anniversaires, circule sur la toile depuis la soirée du 24 décembre. Selon les auteurs de ces publications, le maire de la ville de Goma interdit ces festivités, pour des raisons sécuritaires. Méfiez-vous, ce document est un faux constatent les recherches de Congo Check, qui s’est entretenu avec les sources officielles et certaines parmi les auteurs et ceux qui ont propagé le faux communiqué.
“Suite à la situation sécuritaire de la ville de Goma, le maire interdit les fêtes d’anniversaire, de Noël et de Nouvel an. Si la situation sécuritaire de la ville n’était pas bonne, au moins pour prouver que les autorités contrôlent toute la situation, ça aurait été courageux plutôt de demander à la population de célébrer dans la solidarité, car toutes les mesures sont prises pour la bonne sécurité de la ville. Entre-temps, toutes les boîtes et les marchés restent ouverts. Pourquoi toujours répondre de la terreur par la terreur ?” écrit un post sur Facebook.
Bien que faux, ce communiqué a vite circulé sur les réseaux sociaux et occasionné la propagation de cette fausse information. Se référant à ce document, d’autres internautes se sont juste limités à publier le message d’interdiction. Cas de Lwaboshi Bob’s Buhazi qui a publié « Le maire de Goma, interdit la célébration de la fête de Noël, du Nouvel An et des anniversaires ».
Pour remonter à l’origine de la diffusion de ce faux communiqué, Congo Check a fait recours à l’outil Who Posted What, permettant de retracer les premières occurences d’un contenu en ligne. Sur Facebook par exemple, l’équipe de Congo Check a introduit les mots-clés: Goma, célébration, interdit, Noël. Les résultats indiquent que la fausse information sur cette prétendue interdiction circule sur le réseau social Facebook depuis le 24 décembre (il y a 18 heures entre l’apparition de la première publication et la rédaction de notre article de debunking).
Un faux communiqué n’engage pas la mairie de Goma
Ayant fait le tour des réseaux sociaux, et vu l’engouement et les discussions que ce faux document véhicule sur internet, Congo Check s’est lancé dans des recherches pour vérifier sa véracité. Pour y parvenir, nous avons contacté directement le maire de la ville de Goma. Le commissaire supérieur principal Kapend Kamand Faustin a qualifié ce document de « fakenews ».
Congo Check également contacté la cellule de communication de la mairie de Goma. Justin Phanzu, responsable de ce service, a démenti cette information. « C’est un faux document », a-t-il répondu à Congo Check.
La mairie de Goma a même publié un communiqué ce 25 décembre, portant démenti sur ce faux document qui circule dans les réseaux sociaux. Le maire de la ville attire l’attention de la population. « le commissaire supérieur principal Kapend Kamand Faustin, porte à la connaissance du public que ce communiqué est l’œuvre des personnes mal intentionnées qui cherchent à à ternir l’image de l’autorité et frustrer la population en cette période festive », peut-on lire dans ce document.
Certaines incohérences décelées après analyse du faux document
L’équipe de Congo Check s’est alors focalisée sur le faux document qui circule sur Facebook, pour une analyse approfondie. Nous avons remarqué certaines incohérences. Au niveau du numéro du document, on remarque qu’il porte le numéro 3078/48/Jo 38/MG/2024. Sauf qu’après nos recherches, nous avons trouvé le vrai communiqué de la mairie de Goma qui porte ce même numéro. Il a signé le 12 novembre 2024 et portait sur la non-autorisation de la tenue du festival Amani et la marche prévue en date du 13 novembre par un mouvement citoyen à Goma. Ce communiqué a été relayé dans les réseaux sociaux. Congo Check s’est procuré ce document dont voici le contenu.
C’est donc l’entête de ce document qui a été utilisé pour produire ce faux document qui circule sur la toile conclut l’analyse de Congo Check.
D’autres incohérences se trouvent au niveau des textes. Le caractère, la police et même la disposition du texte sur le papier, sont totalement différents de ce qui se trouve sur les documents officiels de la mairie de Goma.
Impact de cette infox sur les internautes
Étant parmi ceux qui ont publié ce document irréel sur Facebook avant de le retirer, l’internaute Justin Mushoko, a par la suite reconnu que le document était faux. Sur sa page Facebook, Congo Check a trouvé un démenti.
Contacté par téléphone, cet internaute a dit à l’équipe de Congo Check qu’il se sent en insécurité. « On m’a déjà signalé que les services de la mairie me recherchent, pourtant ce document n’est pas venu de moi », nous a-t-il dit. Le maire de la ville de Goma a aussi signifier à Congo Check que l’internaute Justin Mushoko était recherché pour diffusion de ce faux document.
Cette situation prouve combien une information erronée peut avoir d’incidences sur le quotidien de celui qui l’a publié, tout comme celui qui le propage. Dans sa mission de rendre sain l’espace en ligne dans les pays du bassin du Congo (RDC, Congo Brazzaville, RCA, Rwanda, Soudan) et ceux de la région de Grands-Lacs africains, Congo Check rappelle aux internautes qu’il est essentiel de vérifier par 3 sources indépendantes toute information reçue avant tout partage.