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Attention, cette vidéo montrant l’incident du faux gynécologue s’est déroulé à Kinshasa et non à Brazzaville

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Cette courte vidéo a fait le tour des réseaux sociaux. On y voit un homme en tenue d’aide-soignant escorté hors de l’hôpital par des médecins.

La voix d’une femme, s’exprimant en lingala, résonne, accusant cet homme de vol et lui réclamant 42 000 FC. Selon les auteurs de ce post, cet homme serait un mécanicien ayant usurpé l’identité d’un gynécologue pendant quatre mois dans un hôpital en République du Congo.

Cependant, les vérifications menées par Congo Check prouvent que cet incident s’est déroulé à l’hôpital du Cinquantenaire à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, et non en République du Congo.

 « Au Congo, un mécanicien se fait passer pour un gynécologue après quatre mois de service dans un hôpital », indique la légende de la page Instagram Flashdakar22.

Publié le 31 janvier, ce post a recueilli plus de 125 000 mentions (j’aime), 3 875 commentaires et 70 000 partages.

Dans les commentaires, des internautes ont spéculé dans tous les sens, et certains sont restés sceptiques, précisant que ce n’est pas à Brazzaville mais à Kinshasa, à cause de l’usage du lingala.

Sur Facebook, plusieurs pages ont repris cette publication.

Vérification des faits

Dans sa première démarche de vérification, Congo Check a effectué la technique de la recherche d’image inversée via Google Lens. Cette démarche a conduit vers des publications émanant des réseaux sociaux, notamment Facebook, Thread, Instagram et TikTok. La légende précise que cet incident a eu lieu à l’hôpital du Cinquantenaire de Kinshasa en RDC. (123)

Poursuivant notre  recherche, nous avons analysé la vidéo en question, où la langue utilisée est le lingala. Ce détail crucial nous a permis d’écarter l’hypothèse selon laquelle cet incident aurait eu lieu en République du Congo, car le lingala est l’une des quatre langues nationales de la République Démocratique du Congo et la plus parlée à Kinshasa.

Un autre élément clé relevé par l’équipe des vérificateurs de Congo Check est le nom de l’hôpital « Cinquantenaire », mentionné par les intervenants dans la vidéo. Pour confirmer que cet incident s’est bien produit à l’hôpital du Cinquantenaire de Kinshasa, nous avons contacté un médecin exerçant dans cet établissement. Souhaitant rester anonyme, ce professionnel a rétabli les faits dans leur contexte, apportant ainsi des éclaircissements essentiels à notre démarche de vérification.

 Contexte

L’incident s’est déroulé dans notre hôpital du Cinquantenaire entre le 28 et le 30 janvier, à 7h du matin. J’y étais également présent. Ce jour-là, une marche avait lieu en réaction aux événements à Goma et ailleurs. Les rumeurs qui circulent sur les réseaux sociaux sont totalement infondées.

Pour clarifier la situation, un jeune homme d’environ 30 ans a réussi à pénétrer dans nos locaux par des issues de secours, peu utilisées. Il portait une tenue chirurgicale bleue et une blouse blanche. Ce qui a immédiatement attiré notre attention, c’est qu’il ne portait pas notre uniforme standard. Dans notre hôpital, les nettoyeurs sont en combinaison mauve, les aides-soignants en mauve, les infirmières en bleu, les hommes en rose ou jaune, et les médecins généralistes, appelés junior docteurs, en gris avec le nom de l’institution. Les spécialistes, quant à eux, sont en noir. C’est un détail crucial que nous tenons à souligner” précise-t-il à Congo Check.

Il poursuit

Cet homme ne portait aucune des couleurs de notre personnel. Lorsque nous lui avons posé quelques questions, il n’a même pas su nous donner le nom du superviseur, ni indiquer où se trouvait le service de gynécologie dans notre hôpital, alors qu’il prétendait y avoir exercé en tant que gynécologue il y a plusieurs jours. Tout ce qui circule sur les réseaux sociaux est faux. Il s’agit simplement d’un jeune homme malintentionné, venu pour des raisons que nous ignorons.”

Ce professionnel de la santé a affirmé avec certitude que cet intrus n’a pas consulté de patients, car l’accès aux salles de travail est strictement sécurisé et nécessite une procédure administrative complexe.

Prétendre qu’il s’est fait passer pour un gynécologue pendant des mois est totalement faux. Nos patientes sont suivies par des gynécologues spécialistes, et les généralistes n’interviennent que si un problème survient, après avoir informé le gynécologue. Grâce à notre système, il est impossible pour un intrus d’accéder à la salle de travail ou à la salle d’accouchement. Pour y entrer, il faut porter la tenue appropriée et être identifié au préalable. Nous avons vérifié nos caméras : il n’a consulté aucun patient. De plus, plusieurs patients se sont plaints de vols de téléphones et d’argent, et il pourrait être lié à ces actes. Nous l’avons remis aux services de sécurité “, a-t-il déclaré à Congo Check.

Dans  un communiqué datant du 22 mars signé par Dr Willy Kabongo, directeur médical adjoint, la direction de l’Hôpital du Cinquantenaire a démenti également cette rumeur sur sa page Facebook la qualifiant d’une fake news.  

Après cette démarche, Congo Check a conclu que l’incident viral sur les réseaux sociaux, montrant un homme prétendant être gynécologue, s’est bien produit à l’hôpital du Cinquantenaire à Kinshasa, et non au Congo-Brazzaville.

Avis de Congo Check à la communauté en ligne de la République démocratique du Congo, de la République centrafricaine, du Congo-Brazzaville et de l'Afrique francophone : Si votre contenu est étiqueté comme faux, partiellement faux, sans contexte, photo ou vidéo retouchée... ne le supprimez pas ! Modifiez-le, avec la mise à jour de l'article de vérification que nous mettons à votre disposition, puis signalez-le-nous ! Ou faites un recours si vous estimez que notre article de vérification ne contient pas suffisamment d'éléments factuels susceptibles d'appeler à la modification de votre contenu. Notre équipe sera alors avertie et procédera au retrait du tag ou vous fournira plus d'assistance dans la compréhension du contexte autour de votre contenu ! En supprimant le contenu, nous ne pourrons malheureusement rien faire de plus et la sanction sera maintenue !

Ruth Kutemba
Ruth Kutemba
Ruth KUTEMBA, journaliste fact-checker basée à Lubumbashi en RDC et membre du Forum de Reportage sur les Crises Mondiales du Centre International pour les Journalistes (ICFJ) basé à Washington et journaliste freelance au Réseau international des journalistes (IJNet). Par ailleurs blogueuse d'Habari RDC Elle travaille dans l'audiovisuel et la presse en ligne. Écrire sur des questions féminines, démystifier les fausses informations font partie de sa passion. Elle est reporter et évolue au sein du groupe de presse Héritage en RDC et présente des journaux télévisés et radio mais aussi des émissions et est réalisatrice de documentaires.

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