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Abidjan : cet affrontement est entre ferrailleurs d’Abobo et la Police et non contre l’armée française

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Une vidéo de 30 secondes, partagée sur la page Facebook “Sawadogo Souleymane Power”, montre une foule de gens en colère manifestant dans la rue. La légende y associée affirme que le peuple ivoirien a manifesté contre l’installation de l’armée française en Côte d’Ivoire. Attention, cette affirmation est totalement erronée. Après une analyse approfondie, Congo Check a constaté que cette vidéo est complètement décontextualisée. Elle illustre en réalité un soulèvement des ferrailleurs d’Abobo, qui protestent contre une intervention policière visant à les déloger de leur lieu de travail pour permettre l’aménagement d’infrastructures publiques.

Une vidéo sortie de son contexte réel

Une recherche d’image inversée effectuée avec Google Lens sur base d’une capture d’écran de ladite vidéo a permis à Congo Check de découvrir le véritable contexte de cette dernière. La vidéo, a été postée par Splash Media et montre des artisans de la commune d’Abobo (ferrailleurs, garagistes et commerçants) qui s’opposent fermement à la délocalisation de leur site de travail. Cette mesure a été imposée par le maire de la ville, qui envisage d’utiliser cette zone pour construire diverses infrastructures publiques, telles qu’un jardin potager et un échangeur.

Ce 13 août 2024, la situation a dégénéré lorsque les autorités ont commencé à évacuer les occupants, entraînant des affrontements violents entre les forces de l’ordre et les ferrailleurs, qui refusent de quitter les lieux. Selon toujours Splash Média, le gouvernement ivoirien, en collaboration avec les autorités locales, a élaboré un plan de relogement pour les artisans de la Casse d’Abobo, avec un emplacement proposé dans le quartier voisin de N’Dotré. Cependant, malgré ces promesses, les ferrailleurs demeurent sceptiques. “Nous avons l’impression que le projet de N’Dotré ne sera jamais prêt à temps. Où irons-nous en attendant ?” interrogent-ils. Un manifestant a ajouté : “Nous ne pouvons pas partir ainsi. C’est ici que nous avons tout construit. Pourquoi nous forcer à quitter alors que rien n’est prêt là-bas ?”

Cette même vidéo a été reprise par le média linfondrome avec une légende concordante affirmant une tension vive entre les occupants de la casse d’Abobo (Abidjan) et les éléments de la compagnie républicaine de sécurité déployés sur place pour cause de deguerpissement de ces derniers.

Esprit Magazine a confirmé également cette version des faits, en précisant que les événements se sont déroulés en Côte d’Ivoire. En revanche, il n’est nulle part mentionné qu’il s’agit d’un soulèvement populaire contre l’arrivée de l’armée française sur le sol ivoirien.

Une recherche sur Google avec les mots clés « Affrontement entre les ferrailleurs et la police en Côte d’Ivoire » nous a dirigés vers un article du média Abidjan News.net, intitulé : « Côte d’Ivoire : Échauffourées entre les forces de l’ordre et les ferrailleurs à l’ancienne casse d’Abobo (témoins). » Cette information corrobore celle publiée par Net Afrique.

Congo Check a analysé cette vidéo et a constaté que sa légende est trompeuse. En réalité, elle ne montre pas une manifestation de la population ivoirienne contre une supposée installation de l’armée française à Abidjan, mais plutôt un affrontement entre les ferrailleurs de la commune d’Abobo et les forces de l’ordre qui tentaient de les évacuer de leur espace de travail, conformément à une ordonnance du maire de la ville.

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Rodriguez Katsuva
Détenteur d'un Master 2 en journalisme de l'ESJ_Lille, Rodriguez Katsuva est un journaliste né à Goma en 1992. Formateur en Fact-checking, et fact-checker pour Congo Check. Pendant 7 ans il a travaillé dans l'audiovisuel comme journaliste, reporter, et responsable des informations. Entre 2013 et 2015 il est rédacteur dans un mensuel de pacification de l'est de la RDC. Plus tard, il s'est lancé dans l'écriture web et est Éditeur et formateur en blogging. Il se passionne des questions politiques de la sous-région des grands lacs et particulièrement de son pays la RDC.

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