La page Facebook DiaspoRDC ayant plus de 847,000 followers a publié le dimanche 23 juin 2024 un post prétendant que le président de la République Démocratique du Congo est sécurisé par les blancs, une publication qui intervient quelques jours après le passage du chef de l’Etat à Lubumbashi au cours duquel des militaires blancs étaient aperçus dans son entourage au côté de la Garde Républicaine. Plusieurs internautes ont repris cette information depuis plusieurs jours.
Attention, à part les photos et vidéos qui ont été capturées, rien d’officiel ne confirme cela. Les militaires blancs aperçus dans la suite de la sécurité du Président à Lubumbashi sont des instructeurs et partenaires des FARDC attestent Congo Check après vérifications.
« Le chef de l’État est maintenant sécurisé par des blancs », lit ce post Facebook qui a généré des likes, et des commentaires.
Les internautes ont spéculé dans tous les sens, Lepetit-Karl MK écrit : « Il se méfie de nos services de sécurité. Pitoyable », et José Kambu s’interroge : « Donc la sécurité de noire ne vaut rien ? » Réagissant à son tour, Tony Dakiese Dak commente : « C’est ce qui va améliorer le sociale du congolais », des réactions parmi tant d’autres Deogratias Kumpanyi : « Veuillez nous éclairer »
Vérification auprès de la Préidence
Pour mettre fin à toutes ces spéculations, l’équipe des vérificateurs de Congo Check a écrit à l’auteur du post pour connaitre les sources qui lui permettent de faire ces affirmations, message auquel il n’a pas encore répondu. Par la suite, notre rédaction a contacté Tina Salama, porte-parole du Président de la République Démocratique du Congo, qui a qualifié ce post de faux :
« Contrairement aux rumeurs qui circulent sur les réseaux sociaux, la sécurité du Président de la République Félix Tshisekedi n’a nullement été confiée aux étrangers. »
Elle Poursuit
« Les quelques personnes en tenue militaire verte aperçues dans la sécurité du Chef de l’État à Lubumbashi sont des instructeurs et partenaires des Forces armées de la RDC. La Garde républicaine poursuit sans faille sa mission avec la confiance totale du Commandant suprême. »
Dans la suite de sa démarche de vérification, notre rédaction a contacté le général Sylvain Ekenge Bomusa, porte-parole des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) qui s’est abstenu des tout commentaires :
« Je ne suis pas le porte-parole du Chef de l’Etat. >>
Nos efforts pour joindre les sources au niveau de la Garde républicaine (GR) n’ont pas pu aboutir. De son côté, le porte-parole du gouvernement n’a malheureusement répondu à aucun de nos messages sur la question, encore moins à nos appels.
Les sources indépendantes
Approché par Congo Check, Henri-Pacifique MAYALA, analyste conflit et coordonnateur du baromètre sécuritaire du Kivu, Kivu Sécurité Tracker (KST), a réagi :
« C’est facile de voir l’attention persistante entre l’ombre de l’ancien président Joseph KABILA, que l’entourage du chef de l’État actuel ne cesse de voir partout pour d’éventuelles revanches, et il n’y a pas eu de détachement de Congo Protection vers Lubumbashi ou Kinshasa.
À mon niveau, je ne dispose pas des éléments qui prouveraient une quelconque implication de ces mercenaires dans la protection du chef de l’État qui est une prérogative qui revient à la force spéciale de la Garde Républicaine qui incorporée au sein des FARDC.»
Comme le porte-parole des FARDC, certains analystes indépendants ont préféré garder le silence, comme M. Thierry Vircoulon, contacté par Congo Check :
« Aucune réponse à votre question, désolé. »
Quid de leur origine ?
Sur la question de leurs pays de provenance, la porte-parole du Chef de l’État congolais Tina Salama n’a donné aucune suite. Par contre, M. Henri-Pacifique MAYALA estime qu’ils sont israéliens :
« Premièrement, ils ne sont pas Romains, les unités d’instructeurs qui formaient des forces spéciales seraient israéliennes parce que, c’est une confirmation que j’ai eu ici à Goma. »
La présence des instructeurs sur le sol congolais depuis 2023
« Mais, leurs présence n’est pas une première : comme cela a été soulevé par plusieurs médias, principalement belges; à Bukavu, Goma pendant la campagne électorale, les Romains qui sont là en qualité d’instructeur des FARDC, ont aussi été déployés et si les troupes dont ils ont la responsabilité sont appelées à renforcer la sécurité du président de la République ; dans la contrée, un peu comme c’était le cas à Bukavu, durant la campagne électorale où les forces étaient accompagnées de ces instructeurs.
C’est pratiquement ce à quoi je ferai allusion, sans pour autant confirmer ou infirmer quoi que ce soit. » Renchérit, Henri-Pacifique Mayala
Par la suite, notre rédaction a effectué une recherche sur le moteur Google avec des mots-clés (des instructeurs et partenaires des FARDC), nous sommes tombés sur un article publié sur le site du média en ligne Actualité. CD publié en novembre 2023, titré : « Un millier d’instructeurs étrangers aux côtés des FARDC : « des coaches, pas des mercenaires », précise le corps du texte. Signifiant que leur mission consiste à renforcer les capacités de force de défense sur le terrain.
Les informations contenues également dans cet autre article publié sur le site jeuneafrique.com le 2 mai 2024 titré : « Instructeurs français, formateurs romains, drones chinois…Face au M23, Félix TSHISEKESI tente tout »,
Contexte
Le jeudi 20 juin, de retour d’un voyage en Afrique du Sud pour participer à la prestation de serment de son homologue Cyril Ramaphosa, Félix Tshisekedi était de passage à Lubumbashi pour inaugurer la mise en circulation des trains du Service national qui doit faciliter l’évacuation de la production agricole de certaines régions.
C’est à cette occasion que quelques hommes blancs en tenue militaire verte ont été remarqués aux côtés de la Garde Républicaine. Leur présence a suscité un grand bruit au sein de la population congolaise, avec notamment le coup d’État manqué du 19 mai 2024.
Après cette démarche de vérification, nos équipes n’ont trouvé jusque-là aucune preuve justifiant que la sécurité du président Felix TSHISEKEDI est assurée par les instructeurs blancs. Si les sources contactées répondent aux questions restées sans suite, nos équipes reviendront pour une actualisation.