Au cours d’une émission télévisée, le journaliste Jean-Marie Kassamba, président de la corporation des professionnels des médias de la ville de Kinshasa, a prétendu que les mines du Katanga contribueraient jusqu’à 80% dans le budget de la République démocratique du Congo. Ces chiffres, avancés par une personnalité ayant une forte audience, se sont rapidement répandus, partagés sans vérification par plusieurs sources et renforçant les clivages entre populations en République démocratique du Congo.
Vérifications faites, ces statistiques ne sont pas vrais alors que le secteur minier ne représente que le tiers des recettes nationales pour toute l’étendue du pays. « Ce sont les mines du Katanga qui constituent 80 % du budget du pays », a pourtant clairement affirmé Jean-Kassamba.
Les équipes de Congo Check se sont essentiellement basées sur les données documentaires factuelles disponibles pour débusquer cette affirmation, remontant les trois dernières années d’exercice budgétaire. Selon la Banque mondiale qui cite l’ITIE, les revenus du secteur minier de la RDC ont été évalués à 1,68 milliard de dollars US en 2017 alors que le budget national était de 6 milliards de dollars, soit environ seulement 25%.
L’année suivante, le pays a adopté un nouveau Code minier qui a permis de booster les recettes. « En 2019, la contribution fiscale du secteur minier a atteint 1,78 milliard de dollars US et environ 4 milliards de dollars US en 2021 », explique la Banque mondiale.
Ces mêmes proportions sont également reprises dans les documents budgétaires nationaux. En 2024, l’agence de notation Standard & Poor’s qui travaille avec le ministère des Finances a rapporté des gains de l’ordre de 4,36 milliards de dollars pour le secteur minier, soit 25% des 17,79 milliards mobilisés.
Pour l’exercice 2025, le gouvernement congolais projette une croissance de 5,3 % dans le secteur minier. La Loi des finances adopté au parlement prévoit également une augmentation des recettes liées à l’exploitation minière qui devraient dépasser, pour la première fois de l’histoire, les 5 milliards de dollars cette année, soit près de 30% des 16,87 milliards de dollars de recettes totales attendues.
L’embellie va être rendue possible notamment grâce à la mine de cuivre de Kamoa-Kakula, la plus grande du pays, dont la capacité de production annuelle est majorée à 600 000 tonnes de concentré, contre environ 400 000 tonnes l’année précédente.
Toutefois, malgré cette croissance, on reste loin des 80% évoqués par Kassamba pour le seul espace Katanga, composé des provinces du Haut-Katanga, Haut-Lomami, Tanganyika et Lualaba. Selon la Loi des finances 2025, ces quatre provinces devraient contribuer, ensemble à environ 21% du budget national et non 80. Congo Check a tenté de contacter Kassamba pour un commentaire mais sans succès. Son discours cependant a renforcé les clivages déjà très prononcés entre les originaires de l’espace Katanga et ceux des autres coins du pays.