Une publication sur le compte Facebook de Lisette Lisa Mongendu affirme que l’officier militaire Jean-Claude Rusimbi, de l’unité d’intervention dans l’opération Sokola 2, au Nord-Kivu, est arrêté et transférer à Kinshasa. Il est accusé d’être l’assassin de l’ambassadeur italien Luca Attanasio, tué dans une attaque près de Goma lundi dernier. C’est faux, méfiez-vous de cette information.
Selon les recherches de CONGO CHECK, le colonel Jean-Claude Rusimbi n’est pas arrêté, et aucune preuve n’atteste son arrestation.
« Colonel Rusimbi Jean-Claude, assassin de l’ambassadeur italien, vient d’être acheminé à Kinshasa par cargo de Gomair. » note faussement cette publication.
Beaucoup d’internautes ont repris cette infox, malheureusement. Sur Facebook, tout comme sur Twitter et WhatsApp.
Cette information publiée le 26 février dernier, a déjà généré jusque-là des centaines d’interactions dont 629 mentions j’aime, près de 500 commentaires et plus de 1500 partages.
Elle a été vue plus de 1,6 million de fois et 225 mille fois depuis ce matin.
Plusieurs internautes croient aussi cette infox sur l’arrestation de l’officier faussement accusé.
« La guerre dans l’est du Congo, son acteur principal c’est l’union européenne. Le colonel a fait son travail, félicitations et vigilance. », commente Kasamba Kalala.
« Waouh ! Quelle vigilance ! Quand les congolais ne meurent rien ne se passe, mais pour une seule personne non originaire les enquêtes deviennent efficaces. » commente pour sa part Msfr Robertin.
Fausse information, le colonel Rusimbi circule librement à Goma
Pour vérifier cette information, Congo check a contacté des sources officielles en province du Nord-Kivu, censées être au courant de sa présumée arrestation. Congo check a aussi réalisé un appel vidéo avec le concerné qui, effectivement, circule librement en ville de Goma.
Tête rasée, chemise de couleur blanche, souriant dans une voiture, le colonel Jean-Claude Rusimbi a réalisé un appel vidéo avec Congo check pour prouver qu’il n’est pas arrêté et qu’il se trouve à Goma entrain de circuler librement.
Congo check ne s’est pas arrêté jusque-là, le service des renseignements à la 34ème région militaire rejette aussi cette information :
« S’il fallait l’arrêter, la personne qui pourrait être chargée de son arrestation c’est moi. Je ne l’ai pas arrêté, il n’est pas inquiété. Cet officier connaît les méthodes d’action de beaucoup de milices, leurs modes opératoires et tous les renseignements, il les met mal à l’aise. C’est comme ça, à cette occasion et même pour désorienter les enquêtes sur l’ambassadeur italien voilà on met son nom. » nous explique l’un des responsables du service des renseignements à la 34ème région militaire basée à Goma.
Dans une vidéo, le porte-parole de l’armée au Nord-Kivu, a lui aussi formellement démenti ces propos.
Le gouverneur de la province du Nord-Kivu qui rejette aussi cette information, parle d’une communication des rebelles des forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
« C’est la communication des rebelles FDLR. Nous connaissons pourquoi ils font ça, c’est parce que Rusimbi les a traqués. Ça c’est un ennemi des FDLR. La région militaire a démenti cette campagne de diabolisation des officiers. », déclare à Congo check, Carly Kasivita, gouverneur du Nord-Kivu.
L’ambassadeur italien Luca Attanasio a été tué lundi dernier dans une attaque à Kibumba, à 15 kilomètres de la ville de Goma. Les rebelles hutus rwandais des FDLR nient leur implication dans cette attaque. Accusés par les autorités de Kinshasa, les FDLR pointent du doigt les armées congolaise et rwandaise. Une équipe d’enquêteurs composée des hauts gradés des services de sécurité congolais, est arrivée à Goma jeudi 25 février.