Dans une vidéo de 8 minutes postée sur Facebook où, l’on peut identifier le président ougandais Yoweri Kaguta Museveni dans une conférence; l’un des intervenants, présenté par l’auteur du poste comme ministre de la santé de l’Ouganda, affirme dans son intervention que plusieurs vaccins étaient « inutiles » car ils étaient conçus pour « réduire la fertilité africaine ». Le même intervenant a accusé l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de tenter d’exercer un contrôle sur les gouvernements du monde entier. Néanmoins, après plusieurs vérifications, Congo Check découvre qu’il ne s’agit pas tout d’abord du ministre de la santé ougandais mais du médecin gynécologue-obstétricien kenyan Wahome Ngare. C’était lors de la conférence interparlementaire africaine sur les valeurs familiales et la souveraineté tenue début du mois de mai à Entebbe en Ouganda. Ensuite, ses allégations sont trompeuses et ne reposent sur aucun soubassement scientifique, affirment l’OMS et le gouvernement ougandais.
La légende de cette vidéo lit : « Suivez le ministre Ougandais de la santé qui parle des dégâts de L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Apparement l’ objectif de l’OMS en voulant rendre contraignant ses décisions sur tous les pays Africains est d’imposer des vaccins qui reduiront la fertilité de nos enfants Africains ».
Cette vidéo en anglais mais ayant des sous-titres écrits en français est vue par plus de 2230 internautes.
D’autres internautes acclament les propos de l’orateur qui, selon eux, décide de dévoiler la vérité aux yeux d’un chef de l’Etat.
Les auteurs sont fiers de leur engagement via ces publications
Geoffrey Chihasha, un des publicateurs de cette fausse information n’a pas encore fait suite à notre message visant à savoir la source de sa publication. Djamill Butela, lui, affirme que sa motivation est le réveil de l’Afrique que prône le médecin Kenyan.
Ces assertions sont du médecin Kenyan Wahome Ngare et non du ministre ougandais de la santé
Pour vérifier cette vidéo, Congo Check a avant tout commencé par identifier l’homme qui faisait ce discours. À l’aide de la recherche inversée d’images, le résultat prouve que, contrairement au post en étude, il ne s’agit pas du ministre ougandais de la santé plutôt du médecin kenyan Wahome Ngare, qui exerce comme gynécologue-obstétricien dans la capitale kenyane Nairobi.
Son intervention s’inscrit dans l’ordre de la conférence interparlementaire africaine sur les valeurs familiales et la souveraineté tenue début du mois de mai à Entebbe en Ouganda.
Le ministre de la santé en Ouganda est une femme, en la personne de Sarah Opendi. Elle est ministre d’État de la santé pour les tâches générales dans le cabinet ougandais, depuis 2016.
Auparavant, elle a travaillé comme ministre d’État aux soins de santé primaires et ministre d’État aux terres. Elle a obtenu un baccalauréat en administration des affaires de l’Université Makerere et une maîtrise en administration des affaires de la même université en 2005.
« Une désinformation sans fondement », dément le ministère de la santé ougandais
Congo Check a trouvé, grâce à la recherche par des mots-clés sur le moteur de recherches Google, une déclaration du 12 juin dernier du ministère de la santé ougandais.
« Nous prenons note de la désinformation générée par un manque de preuves scientifiques vérifiées, de la confusion et du trafic d’influence visant à détruire un programme de santé publique très précieux qui sauve des vies », disait la déclaration lue dans différents journaux du pays.
La désinformation autour de l’OMS
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a balayé d’un revers de main l’ensemble d’allégations tenues par Wahome Ngore, après son intervention à cette conférence.
L’OMS n’est pas une organisation directrice, plutôt consultative. Dans ses premiers mots, le médecin Kenyan a appelé les dirigeants africains à rejeter les amendements proposés au Règlement Sanitaire International (RSI), qui, selon lui, transformeraient l’OMS « d’une organisation consultative en un organe directeur ».
Ses propos réfutés par l’OMS. Eugène Kabambi de l’OMS nous explique que les amendements au RSI visent à établir une procédure transparente pour répondre aux « urgences de santé publique de portée internationale afin de garantir que le monde soit mieux préparé à la prochaine pandémie. L’OMS ne peut pas changer les règles ou les lois d’un pays ; seuls les pays peuvent le faire, dans le cadre de leurs propres lois nationales. Les pays sont des États souverains et prennent leurs propres décisions ».
Il ajoute en plus que « le rôle de l’OMS est de fournir des conseils et un soutien fondés sur des données probantes, que les pays peuvent décider de suivre ou non ».
Congo Check a consulté l’accord sur les pandémies dont le but est de « renforcer les capacités de préparation, de prévention et de réponse des pays membres de l’OMS aux futures pandémies, en mettant l’accent sur la promotion d’un accès plus équitable aux vaccins et aux médicaments ».
Que dire des vaccins cités par Ngare ?
Que ce soit pour le paludisme, le tétanos ou encore le virus de papillonne humain (VPH), l’OMS détaille vaccin après vaccin du résultat concret et positif que ces administrations ont eu sur la population.
Par exemple, dans cet article écrit par nos confrères de l’AFP Factuel, il est dit que le paludisme a été éradiqué avec succès dans plus de 40 pays, dont des nations africaines comme le Lesotho, le Cap-Vert, l’Algérie, l’île Maurice, les Seychelles, la Libye et le Maroc.
Mais l’OMS affirme que le contrôle du paludisme en Afrique représente toujours un défi important en raison de deux types de moustiques qui sont des vecteurs très efficaces de la maladie.
Cette vidéo est utilisée pour battre campagne contre les vaccins contre Mpox, pourtant les propos tenus par le médecin kenyan Wahome Ngare ne reposent sur aucun soubassement scientifique.