Tomber sur des photos accompagnées d’histoire touchante, c’est souvent ce qui arrive sur Internet. C’est le cas de cette poignante photo d’une antilope, un impala pour être précis, où on la voit fièrement debout pendant que deux guépards l’attaquent. La fausse légende annonce qu’elle se serait sacrifiée pour permettre à ses petits de se sauver. Les auteurs de l’infox disent que c’est ainsi que le Président aussi se sacrifie pour les Congolais (lol, ndlr). Nous avons trouvé la vraie histoire derrière, racontée par la photographe ayant pris la photo !
« Cette photo est considérée comme l’une des meilleures photos des dix dernières années. Ces deux guépards ont attaqué la gazelle au moment où elle était avec ses petits.
La gazelle avait l’occasion de s’échapper, il y’avait de la distance et elle aurait pu sauver sa vie, mais elle a décidé de se livrer aux guépards. », commence la page Présidence TV.
Avant de poursuivre, en expliquant ce geste :
« Pourquoi ? Pour donner une chance à ses petits de s’enfuir… Parce que si elle avait fui en premier, ses petits ne pourraient pas la suivre. La photo est le dernier moment de la mère, sa gorge dans la bouche des guépards en regardant fermement pour s’assurer que ses petits ai eu le temps de se mettre à l’abri. La mère est la seule personne au monde qui peut sacrifier sa vie pour toi gratuitement. Rappelle-toi d’elle ne serait-ce qu’avec une prière. Que Dieu protège toutes les mamans. »
Et avant de chtuer, la page qui fait de la propagande pour le Président congolais conclut :
« Le président Félix Antoine Tshisekedi se sacrifie aussi pour le peuple congolais. »
La vraie histoire derrière cette photo :
C’est depuis 2017, que plusieurs fausses légendes existent sur cette photo. Certaines infox avancent même que l’auteure de la photo serait tombée en dépression. Mais c’est faux.
Pour retrouver l’origine de la photo, nous avons utilisé le puissant outil de recherche d’image, Google Lens. L’accès est gratuit, et vous pouvez aussi télécharger l’application Lens sur votre téléphone !
Nous avons alors trouvé plusieurs résultats, et même le post Facebook où l’auteure de la photo dit sa colère face à la déformation de l’histoire derrière son image. Voici en résumé ce qu’il faut savoir :
- L’auteur de la photo est Alison Buttigieg. Une photojournaliste vivant à Helsinki
- L’auteur a été très en colère suite aux fausses histoires sur son œuvre, voici ce qu’elle a écrit : « Ma photo de Stranglehold est devenue virale, accompagnée d’une fausse histoire complètement ridicule, et implique que je sois tombé en dépression après l’avoir prise (sérieusement, qui invente ces conneries ? !?) – sans parler des violations flagrantes des droits d’auteur. Le sensationnalisme à son meilleur – une fiction complète pour que les gens obtiennent plus de likes sur leur page. La photo avec la fausse histoire a été partagée des centaines de milliers de fois sur divers médias sociaux. Je suis submergé par des centaines et des centaines de messages me demandant si je suis le “photographe dépressif”. J’ai été étiqueté sur LinkedIn avec la fausse histoire – cela va faire des merveilles pour ma carrière. Quel monde infâme nous vivons, plein de gens stupides et crédules qui répandent des #fakenews comme des fous. », c’était le 13 février 2017.
J’ai assisté à la mise à mort de ce guépard en septembre 2013 dans le Maasai Mara, au Kenya. Narasha, la maman guépard, apprenait à ses jeunes comment tuer une proie. Cependant, ils étaient un peu lents à comprendre et jouaient avec la malheureuse proie Impala au lieu de la tuer. Narasha, la mère guépard, est celle qui attrape l’impala par le cou sur toutes les photos. Les jeunes s’entraînent à bondir et à trébucher, ce qu’ils réussissent bien, mais ils ne semblent pas être capables d’étrangler efficacement l’impala.
Vous pouvez lire cela ici :
- Voici l’histoire racontée par la photographe : « Ce qui sort de l’ordinaire dans cette séquence de photos, c’est le calme de l’impala tout au long de son épreuve. Il est probablement en état de choc et donc paralysé par la peur. Il est troublant de constater qu’il semble prendre la pose sur certaines photos, notamment sur la sixième, comme s’il était déterminé à rester beau et fier jusqu’à la fin. Le défi dans ses yeux est en contraste frappant avec son manque d’intérêt pour l’auto-préservation. Cela m’a permis d’obtenir des photos uniques d’une tuerie dont la grâce semble chorégraphiée. Je voulais que le spectateur compatisse avec l’impala, tout en étant témoin de la nature inquiétante de cette mise à mort inhabituelle. Finalement, après ce qui m’a semblé être une éternité interminable (mais ce n’était que quelques minutes), la mère guépard a mis fin aux souffrances de l’impala, et les petits ont pu profiter d’un bon repas. »
À une année des élections, des pages propagandistes cherchent plusieurs moyens pour attirer la sympathie des internautes, donc futurs électeurs.
Raconter cette histoire, et faire le lien en disant que c’est ainsi que le Président se sacrifie pour les Congolais est une déformation des faits, en vue de vanter les mérites d’un dirigeant.
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