De nombreuses publications sur les réseaux sociaux ont attribué à Jérôme Munyangi, la paternité du remède mis au point contre la Covid 19 à Madagascar. En plus de démentis des autorités malgaches, le médecin congolais dit ne pas en être l’auteur.
Apres le lancement par le président malgache le 20 avril dernier du Covid organics, un remède à base de plantes médicinales pouvant ‘’prévenir et guérir’’ la Covid19 selon lui, de nombreux internautes ont attribué sa paternité au médecin congolais Jérôme Munyangi.
« Le jeune médecin congolais Jérôme Munyangi qui trouvé un remède contre le Coronavirus, dit avoir contacté les ministres congolais et même le docteur Mukwege pour son protocole mais sans succès. C’est à Madagascar ou il vit que les autorités l’ont accepté et réconnu…» affirmait l’une de ces publications mise en ligne le 25 avril.
Une autre publication sur la page d’un homme politique congolais ayant généré plusieurs centaines d’impressions et partagée 154 fois disait, «Dr Jérôme Munyangi, chercheur Congolais qui revendique la paternité de Covid-Organic Affirme que ” 90% des médicaments qui sont vendus en Afrique sont fabriqués en Chine et en Inde. Ces sont tous des faux médicaments».
Jerome Munyangi non impliqué
Depuis le 26 avril Congo Check a entamé des recherches sur la réelle implication du médecin congolais dans la mise au point du remède malgache contre la Covid19. Dans une interview, docteur Jérôme Munyangi explique à Congo Check qu’il n’est pas impliqué dans la conception du remède malgache à part la proposition des protocoles envoyées aux autorités africaines par l’organisation pour laquelle il travaille.
«C’est depuis maintenant sept ans que nous travaillons sur l’Artemisia. Lorsque le Covid19 est arrivé, nous avons travaillé sur le rationnel c’est un raisonnement scientifique justifiant l’efficacité de quelque chose que tu veux tester. Voilà notre contribution dans cette histoire. Ca veut dire, des raisonnements scientifiques pour justifier l’efficacité de quelque chose que tu veux tester. Ce Covid Organics, c’est autre chose. », dit Jerome Munyangi qui est responsable des essais cliniques à l’organisation La maison d’Artemisia mais également d’un groupe des chercheurs dénommé Artemisia Covid.
«Lorsque nous avons fini à réunir toute la documentation Lucile Cornet Vernet qui est la présidente de l’association a pris la responsabilité d’adresser le mail aux ministres de la santé des pays africains dont celui de la RDC. Les propositions que nous avions envoyé c’était la tisane qui était utilisée en Chine et des dosages qui sont bien connus sur base des documentations scientifiques. Donc, nous La maison de l’Artemisia, nous docteur Jérôme Munyangi ne sommes pas impliqués dans le Covid Organics. Nous nous sommes dans l’Artemisia et Covid19. Lorsqu’on ajoute quelque chose à l’Artemisia ce n’est pas de l’Artemisia. Les gens confondent les protocoles cliniques et la fabrication d’un phytomédicament. Nous n’y sommes pour rien.», explique ce médecin ajoutant que l’objectif de l’organisation pour laquelle il travaille vise à proposer des alternatives pour le continent africain suite au ‘’système de santé défaillant et le manque des moyens’’.
Contactée egalement par Congo Check, Lucile Cornet Vernet, responsable de l’organisation La miaosn de l’Artemisia ou travaille le médecin congolais, a rencheri qu’ils n’etaient tous pas impliqués dans la mise au point du Covid Organics.
«La Maison de l’Artemisia a envoyé une lettre a beaucoup de gouvernements africains fin mars Ni le Dr Munyangi ni la Maison de l’Artemisia n’a participé à élaborer le COV malgache . Nous ne parlons que de tisane d’Artemisia annua selon le protocole de la Medecine Traditionnelle Chinoise. Et nous appelons à accélérer la recherche ! », explique t-elle.
Non réconnu par l’IMRA
Dans l’article publié sur notre site le 30 avril, l’institut malgache des recherches appliquées IMRA disait ne pas reconnaitre la contribution du Docteur Jérôme Munyangi.
‘’ « Si le docteur Jérôme Munyangi a déclaré avoir été à la base du protocole de Covid Organics, cela n’engage que lui. Mais en tant que directeur général de l’Institut malgache de recherches appliquées (IMRA), je vous informe qu’il n’était pas impliqué d’une manière ou d’une autre dans l’invention de ce protocole » expliquait à Congo Check le docteur Charles Andrianjara, directeur général de l’IMRA.
Nature Plants, la revue scientifique britannique, publie mi-mars 2020 un plaidoyer pour l’usage des plantes médicinales, dont l’Artemisia annua, en 1ère ligne de défense contre le Covid-19 : « Dans une situation d’urgence comme l’épidémie de COVID-19, alors que les médicaments ordinaires mettent du temps à passer les essais cliniques, les médicaments à base de plantes et les produits naturels facilement disponibles et dont l’innocuité est prouvée peuvent permettre de gagner du temps en tant que première ligne de défense.»
A cela la directrice de cabinet du president malgache avait ajouté à Congo Check que l’IMRA travaillait sur l’Artemisia depuis plusieurs annéées.
« L’IMRA a été fondée en 1957 par le professeur Ratsimamanga et il a introduit l’artémisia en 1975, date depuis laquelle de nombreuses études ont été réalisées par les chercheurs à ce sujet. Le Covid-Organics est composé, en plus de l’Artemisia, de plantes endémiques Malagasy. », avait expliqué Lova Hasinirina Ranoromaro.
L’île est l’un des plus grands producteurs d’artémisia dans le monde. Et depuis les années 70, ce pays travaillait déjà sur cette plante. « L’IMRA a été fondée en 1957 par le professeur Ratsimamanga et il a introduit l’artémisia en 1975, date depuis laquelle de nombreuses études ont été réalisées par les chercheurs à ce sujet. Le Covid-Organics est composé, en plus de l’Artemisia, de plantes endémiques Malagasy. », a déclaré Lova Ronaramoro.