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Factcheck : au Kenya, l’église Legio Maria n’oblige pas ses fidèles à retirer les dents pour aller au ciel

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Début juin, des photos montrant des vieilles personnes dépourvues d’une partie de leur dentition ont fait le tour des réseaux sociaux alors que des publications sur Facebook ont affirmé que « l’église Legio Maria basée au Kenya enlève 6 dents inférieures de leurs membres pour aider Dieu à les identifier facilement au paradis lorsqu’ils traversent enfin de l’autre côté, afin d’éviter d’aller en enfer ». Une affirmation partiellement fausse.

Sur certaines pages, cette affirmation a dépassé le millier de partages. Des internautes n’ont pas manqué de condamner cette politique religieuse. Approchée, une des pages qui a relayé l’affirmation a cité pour source une vidéo YouTubu, posté en 2023 sur la chaine « Afrimax English », connue pour ses capsules vidéo de désinformation.

Avec cet élément, nos équipes ont notamment peaufiner des recherches sur Internet à propos des croyances de Legio Maria. Nous sommes notamment tombés sur une page reprenant le « Top 10 des idées fausses et des mensonges que les gens disent à propos de la Legio Maria » sur le blog officiel de cette église. A la 8ème position figure l’affirmation sur le retrait des dents.

« C’est une idée fausse. Aujourd’hui, 55% de tous les membres de la Légion Maria n’ont pas retiré leurs six dents inférieures. L’extraction des six dents inférieures est une tradition Luo qui a été importée dans le nouveau mouvement par la majorité des traditionalistes Luo qui ont rejoint la Légion. Peu à peu, les membres l’ont accepté car c’était une façon de rechercher l’uniformité avec les membres plus âgés. Mais ce n’était pas une doctrine. Le pape Maria de la Première Légion, Timothy Atila, n’a pas retiré ses six dents inférieures et, plus tard, avec l’âge, ses dents ont été retirées dans une clinique dentaire », précise l’église.

De même le fondateur de la secte, Simeo Ondeto, n’a pas non plus retiré ses six dents inférieures mais a perdu sa dentition lors d’un accident à Mawego Kobuya. « Il n’y a aucune base spirituelle tangible pour cela. En outre, les promoteurs de l’extraction des dents n’ont pas de raisons sérieuses de le promouvoir, si ce n’est qu’ils recherchent des gens qui soient des Luos en chair et en os comme eux », ajoute l’église.

Approché par nos équipes, Tobias Oloo, diacre à Legio Maria, a expliqué que le retrait des dents n’est pas une base de leur foi. « L’extraction des dents n’est pas une croyance fondamentale de la Legio Maria. Il était basé sur la tradition africaine (tradition Luo) et était un signe de rébellion du catholique romain », a-t-il expliqué, ajoutant que la pratique ne provient pas de Simeo Ondeto, fondateur de Legio Maria.

Ce diacre a précisé que le retrait des dents « n’est pas un problème ». Selon lui, cela ressemble à une « tradition humaine », due à l’origine du fondateur et des premiers croyants. « Même le christianisme avait des gens qui forçaient les étrangers à se faire circoncire pour être sauvés », a-t-il ajouté.

La pratique « Naak » chez les peuples est-africains

S’il n’est pas obligatoire chez les croyants Legio Maria, le retrait des dents est une pratique culturelle connu sous le nom de « Naak ». La pratique est répandue dans les zones rurales du Soudan, de l’Ouganda et du Kenya, avec des variations pour chaque peuple.

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Au Soudan du Sud, les Nuer enlèvent les dents peu après la naissance. Chez les Luo au Kenya, peuple nilotique d’où est issu le fondateur de Legio Maria, l’initiation à la vie de majeur implique l’ablation de six dents de devant à l’aide de la pointe d’une lance.

Cette affirmation a suscité une forte indignation autour de cette église avec une pratique présentée comme inhumaine.

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Dandjes Luyila
Dandjes Luyila
Je suis diplômé en Architecture mais ma passion pour les nouveaux médias a eu raison de mes études. Devenu journaliste web après plusieurs formations, je me redécouvre une passion pour l'écriture et le blogging. Je rêve d'un espace numérique congolais créatif et exempt de toutes formes de désinformation. Mes principaux centres d'intérêts sont le sport, la lecture, l'écriture, la politique et les faits de société.

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