Une photo montrant des hommes armés et en tenue militaire dans un véhicule, a été publiée sur Facebook. L’auteur de la publication la fait suivre d’une légende indiquant que des camions remplis des munitions et de troupes de l’armée rwandaise ont franchi la frontière au niveau de Kabuhanga dans le Nyiragongo, entrant sur le sol congolais. Il souligne que c’est la société civile du Nord-Kivu qui a donné l’alerte.
Méfiez-vous de cette information, elle est fausse. Cette image ne correspond pas à la légende proposée. Congo Check y a travaillé et les résultats trouvés, prouvent que non seulement l’infirmation en soit n’est vraie, mais également ces militaires sur cette image publiée, ne sont pas de l’armée rwandaise. Ce sont des ougandais de la Force Régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est (EACRF), qui patrouillent près de l’une de leurs bases à Bunagana, en République démocratique du Congo. La photo a été prise le 19 avril 2023.
Les internautes ont commenté cette information. Cas de Fils Tanga qui écrit « Une frontière libre sans garde, un pays où tout le monde vient faire ce qu’il veut, de la jungle. ». D’autres ont partagé et relayé cette information sur leur page avec cette photo sortie de son contexte. Même certains journalistes sont tombés dans cette erreur en publiant sur leurs pages.
Congo Check les auteurs de ces publications sur Facebook pour avoir leur motivation et connaître leurs sources. L’une a répondu à notre message, disant qu’elle a piqué l’information chez un journaliste de Goma, mais également dans le communiqué des FARDC publié le 10 juillet. « Ma source c’était Justin Kabumba et un communiqué des FARDC publié hier » a répondu Dieu merci Kanyonga.
L’équipe de Congo Check s’est procurée une copie de ce communiqué des FARDC signé par le lieutenant-colonel Guillaume Ndjike Kaiko. En le parcourant, nous n’avons rien trouvé qui cadre avec l’entrée des deux camions pleins de munitions et troupes rwandaises sur le sol congolais à partir du territoire de Nyiragongo.
L’autre internaute qui a publié cette fausse information, à qui nous avons également envoyé un message, n’a pas donné suite.
Congo Check s’est alors lancé dans des recherches sur non seulement la véracité de cette information, mais également l’origine de cette image. Pour y parvenir, nous avons contacté la société civile du Nord-Kivu citée dans la légende de cette publication, la société civile de Nyiragongo, ainsi l’administrateur de ce territoire.
John Banyene, président de la société civile du Nord-Kivu, n’a pas confirmé cette information. « Je ne connais pas cette information. » a-t-il répondu à Congo Check.
Le numéro un de cette organisation souligne qu’effectivement, le nom de la société civile du Nord-Kivu a été « abusivement » utilisé dans cette publication qui circule dans des réseaux sociaux.
Du côté de Nyiragongo, que ça soit l’administrateur du territoire, ou encore Mambo Kawaya qui est président de la société civile territoriale, personne n’a répondu à notre message bien que lu par tous deux.
Concernant la photo collée à cette information, les résultats de recherches effectuées à l’aide des techniques de recherches d’images inversées, prouvent que ces militaires sur cette image ne sont pas de l’armée rwandaise. Ce sont des Ougandais qui étaient déployés en RDC dans le cadre de l’EACRF. L’image a été prise en Avril 2023 à Bunagana.
Nous avons également retrouvé la même photo utilisée un peu plus tard comme illustration, dans un article publié sur le site de RFI. La légende dit clairement que ce sont des ougandais et non des rwandais. « Des soldats ougandais de la force régionale de l’EAC déployés à Bunagana, en RDC, en avril 2023. AFP » peut-on lire
Même en observant bien leurs uniformes, on remarque un petit drapeau ougandais collé au niveau du bras gauche.
Il est donc clair que cette photo a été utilisée abusivement en la sortant de son contexte. Et même la légende collée à cette image publiée sur Facebook, n’est pas vérifiable sur terrain. La société civile du Nord-Kivu citée dedans, a par l’étrichement de son président, dit n’est pas être au courant de cette information.